Le 25 novembre a été choisi par l’ONU en 1999 comme Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Antenne Réunion et Linfo.re se mobilisent pendant une semaine. Aujourd’hui, la parole est donnée à Clémence Sientzoff, psychologue au collectif pour l’élimination des violences intrafamiliales. Au cœur du dispositif, la professionnelle nous explique comment elle aide au processus de reconstruction.
“Les personnes viennent ici chercher un lieu d’écoute. L’objectif est de leur offrir un espace de parole sécurisant où l’on peut tout entendre sans jugement aucun”. Clémence Sientzoff accueille tous les jours des femmes victimes de violences conjugales au CEVIF.
Mettre des mots sur les violences, c’est le travail que tente de faire la professionnelle. “Le souvenir n’est jamais oublié. On va lui apprendre à devenir plus forte et avancer en fonction de ce qu’elle veut. Le plus important dans la prise en charge en victimologie est d’apprendre à prendre des décisions pour soi.”
Un défi étape par étape, comme l’explique la psychologue : “On accompagne la victime quelque soit les décisions et les étapes. Il n’y a pas une prise en charge. Il y autant de prise en charge que de victimes. On va fixer ensemble des objectifs atteignables. Souvent elles voient le sommet de la montagne. J’utilise beaucoup de métaphores dans la thérapie. Un exemple : est-ce que vous savez ce que vous aimez manger ? Elles me répondent souvent par un non, car pendant vingt-ans, elles ont fait que ce que lui aimait manger."
Clémence Sientzoff est très optimiste : “À un moment donné, elles vont aller moins bien en me voyant avant d’aller mieux. Je les appelle mes patientes météo. Elles vont me raconter les pires horreurs comme si elles me racontaient la météo. Cela fait froid dans le dos. Il faut ramener les émotions. J’ai le mauvais rôle, celui de reconnecter les émotions au récit. Je suis convaincue que l’humain peut être résilient.”
Sortir de l’emprise, retrouver sa personnalité et l’estime de soi, c’est l’enjeu du suivi psychologique. D’autres outils pour accueillir la parole des victimes de violences intrafamiliales sont mis à disposition au CEVIF comme le “violentomètre” en créole. À La Réunion, 15 % des femmes sont victimes de violences conjugales.
Laura Sels, Djaia Khelifa, Théodore Bryden et Carla Bucero Lanzi