Depuis la mi-juin et jusqu’à octobre, nous sommes entrés dans la saison des baleines, venues d’Antarctique se reproduire à la Réunion. Mais toute l’année les réunionnais peuvent observer des Dauphins. Parmi eux des spécialistes, des scientifiques qui participent à la protection des cétacés. Chaque semaine ils observent les cétacés... Et les écoutent aussi.
"En période amoureuse le mâle chanteur chante pour s’attirer les faveurs des femelles" explique Virginie Boucaud, présidente de l’association GLOBICE. L’association s’est donc équipée d’un hydrophone sous-marin qui lui permet d’écouter le chant des baleines. Et ici il ne s’agit pas d’un loisir de touriste, mais bien d’observations scientifiques.
Une partition qui évolue dans la saison
"Le chant du mâle est très structuré, explique Violaine Dulau, responsable scientifique de GLOBICE, un chant correspond à des phrases qui se répètent pendant a peu près pendant une heure, et au sein d’une phrase il y a aussi différents sons qui se répètent... En fait c’est toute une partition qui se met en place et qui évolue au cours de la saison". Autre particularité : les mâles d’une même population utilisent le même chant. "En comparant les chants émis à la Réunion de ceux émis à Madagascar on va savoir si on a affaire à une même population" explique la jeune femme.
Chaque semaine GLOBICE prend la mer pour y conduire des observations. "Cela nous permet de mieux comprendre ces espèces et de proposer des mesures de conservation... On essaye de faire avancer un peu la connaissance pour mettre en place des mesures adaptées" explique Violaine Dulau. Mais ces observations sont très dépendantes des conditions météorologiques (une mer calme est bien entendue préférable) et représentent une charge importante de l’association, car elles impliquent la location d’un bateau et la mobilisation de plusieurs personnes en mer.
Dès 2004, ce travail avait permis a GLOBICE, en collaboration avec le muséum d’histoire naturelle et la DIREN, d’éditer la première charte d’approche des cétacés à la Réunion qui avait alors été diffusée massivement auprès de toutes les personnes susceptibles d’approcher des cétacés. Cette année un travail de collaboration vient d’être effectué autour d’une nouvelle charte construite en coopération avec les associations, fédérations, professionnels et organismes d’Etat.
Une vraie rencontre
La charte donne des recommandations sur l’approche des baleines en mer pour la protection des baleines (cad faire en sorte qu’elles trouvent à la Réunion les conditions nécessaires à leur reproduction) mais aussi pour protéger les personnes qui vont les approcher (car les baleines sont des animaux sauvages susceptibles d’entraîner des accidents si les approches sont mal faites). Mais pour Virginie Boucaud, ces recommandations permettent d’aboutir "à une vraie rencontre partagée avec l’animal, et non pas volée comme on peut l’observer lorsque les gens veulent absolument s’approcher très vite de l’animal". Si l’année dernière des comportements inadaptés ont pu être observés, ils étaient plus le fait de l’ignorance que d’une volonté de nuire. Les scientifiques souhaitent donc "que chacun puisse être porteur de ce texte en mer et donner l’exemple à ceux qui ne seraient pas informés". Pour la présidente, pas de doute, tout le monde y gagnera : "en appliquant ces recommandations les gens s’apercevront rapidement que les rencontres sont bien plus belles".
La première baleine à bosse a été observée le 25 mai au large de Saint-Gilles les Bains.
Comment approcher les baleines ?
C’est surtout une question de bon sens : ne pas couper la route d’une baleine, ne pas séparer la mère de son baleineau et, d’une manière générale, faire attention à ses distances et trajectoires d’approche. Les embarcations motorisées veilleront également à éviter de gros changement de régime moteur.
Qu’est ce que GLOBICE ?
L’association GLOBICE a pour objectif l’étude et la conservation des cétacés. Elle travaille sur quatre axes principaux : inventaire des espèces, études spécifiques sur les espèces emblématiques comme le grand Dauphin, suivi de la baleine à bosse, étude spécifique sur la cachalot dans la région Réunion-Maurice (le 7 mai dernier, un cachalot était retrouvé mort à la Ravine Saint-François).
Que faire en cas de découverte d’un mammifère marin échoué à terre ?
Les cétacés et autres mammifères marins sont des espèces protégées par la convention de Washington du 3 mars 1995, ainsi que par l’arrêté du 27 juillet 1995 fixant la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national. En cas de découverte d’échouement, il faut prévenir le réseau Echouage au 06 92 65 14 71
Dans le cas de découverte d’animaux morts :
ne pas manipuler l’animal afin d’éviter tout risque de transmission de maladie.
Dans le cas d’échouage d’animaux vivants (voir le cas de cet éléphant de mer) :
ne pas manipuler l’animal pour éviter de le blesser, par ailleurs, tout animal sauvage peut chercher à se défendre (risques de coups, morsures…)
éviter les attroupements, l’agitation et le bruit qui pourraient stresser l’animal
ne pas tenter de remise à l’eau sans l’aide de personnes compétentes.
Concernant les dauphins :
Ne jamais tirer sur les nageoires, humidifier la peau de l’animal en couvrant son dos et ses flancs de linges humides (à défaut, arroser prudemment l’animal). Ne jamais couvrir, ni arroser l’évent (orifice de la respiration situé au sommet de la tête).