Antenne Réunion
C’est un débat qui a encore pris de l’ampleur avec les récentes déclarations de la députée Estelle Youssouffa à l’Assemblée : La scolarisation des élèves de Mayotte. Alors que plus de 600 demandes d’inscription ont été enregistrées, face à l’attente jugée trop longue, sans nouvelles, des parents ont saisi le Défenseur des droits. Estelle Youssouffa assure quant à elle que les élus réunionnais refusent d’inscrire les enfants de Mayotte à La Réunion.
"Pas d’inscription, on est encore avec nos enfants à la maison, ils errent, ils s’ennuient et ne savent pas quoi faire et ne comprennent pas." Raïmia, de son nom d’emprunt, Mahoraise et mère de 3 enfants, a été rapatriée à La Réunion suite au cyclone Chido.
Accueillie un temps par sa famille, elle s’est installée au Tampon avec ses 3 enfants, et depuis le 15 janvier 2025, elle est dans l’attente de leur scolarisation. Une situation inadmissible, qu’elle vit comme une discrimination "Notre adresse au départ posait problème parce que c’était une adresse temporaire. On était en Airbnb ensuite en logement meublé, donc avec un contrat de bail de 1 an. La durée de notre bail ne satisfait pas ou ne correspond pas aux critères de la mairie, et de là, plus de nouvelles. On attend, ça fait trop long pour accéder à nos droits, à des établissements dont on paye des taxes. On est en train de bafouer nos droits et c’est inadmissible. On est venu se retourner pour avoir un peu de soutien, de solidarité avec nos compatriotes de La Réunion, mais ce n’est pas possible. On n’a jamais senti la solidarité réunionnaise depuis qu’on est là. On n’est pas des cas isolés, je sais que ça se produit et que ça se passe sans que ça ne choque personne, tout est normal".
L’académie compte 689 jeunes arrivants de Mayotte pour lesquels une demande d’inscription a été enregistrée, parmi eux 315 demandes concernent l’enseignement du 1er degré réparti sur 13 communes : 107 à Saint-Denis, 52 à Saint-André, 44 à Saint-Pierre, 25 au Port, 21 à Saint-Louis, ou encore 11 au Tampon. Et sur l’ensemble du territoire, les maires n’adoptent pas tous les mêmes réactions.
Au Tampon, le maire Patrice Thien-Ah-Koon refuse catégoriquement l’inscription aux personnes non-domiciliées au Tampon. Une procédure bien différente de celle de Saint-Denis, qui s’inscrit dans une protection et une sécurisation des enfants "Il y a 3 situations. La première c’est de dire que les parents ont une adresse à Saint-Denis, y habitent, les inscriptions ont été faites, il y a eu une quarantaine d’enfants qui ont été inscrits. La deuxième situation c’est lorsque l’enfant et un parent au moins sont hébergés, et la troisième situation c’est lorsque l’enfant est hébergé et/ou le parent a fait une demande de dérogation d’autorité parentale au Jaf. Nous voulons garantir cette protection, et je veux dire ici que dans le contexte dans lequel nous sommes, toutes et tous à La Réunion, nous sommes confrontés à des enfants qui sont isolés, il ne s’agit pas de laisser ces mêmes enfants être des proies pour des personnes malveillantes" déclare Brigitte Adame, Adjointe au maire de Saint-Denis - Chargée de l’éducation populaire.
Plusieurs parents ont déjà saisi les Défendeurs de Droits au tribunal administratif, afin de faire valoir leurs propres droits auprès du Procureur de la République. Seule règle à retenir, l’école est neutre, gratuite, et laïque.