C’est le restaurant aux 400 rhums arrangés, dont la réputation a fait le tour de l’île. Du rhum-banane aux variétés les plus improbables comme le rhum-couleuvre ou le rhum-camaron, on vient ici comme dans un musée. Un musée à déguster, celui du "cognac réunionnais".
Bien loin du centre ville de Saint-Denis, il faut emprunter la route de la Montagne pour arriver chez Philippe Lauret. Ce passionné de rhum arrangé s’est lancé un pari audacieux il y a quelques années : ouvrir un restaurant traditionnel dans les murs de l’ancienne léproserie à Saint-Bernard.
Ici il prépare des rhums péi, dont la réputation a fait le tour de l’île. "Un peu de citronelle, un peu de vanille, un peu de cannelle..."... Ajoutez quelques grains de café et du romarin, et surtout une bonne dose de patience : "il n’y a pas de secret, il faut laisser macérer, explique Philippe : il ne faut pas le faire aujourd’hui et se dire "bon tiens, demain on va voir si c’est bon !"... Non, il faut le fermer et le laisser un an". Certains reposent même ici depuis 3 ou 4 ans... "Il devient comme un Cognac.... Ah, oui, il faut dire qu’on a un Cognac à la Réunion, c’est le rhum arrangé !" plaide Philippe Lauret. Le restaurateur met un point d’honneur à utiliser fruits et épices locales : bananes, cannelle, ananas, noix de coco... Ici on trouve de tout, et même du rhum arrangé aux camarons (crevettes) !
Dans le petit restaurant, plus de 400 variétés s’exposent ainsi aux clients venus déguster de bons carrys, et surtout, admirer la collection de Philippe Lauret : "on savait qu’il y a avait beaucoup de rhums arrangés à la Réunion, mais on ne se doutait pas qu’il y avait autant de choix.... C’est beau et ça suscite la curiosité". En particulier celui-ci : le rhum-serpent : "- tu voudrais goûter, toi ? - Oh, moi, non !". Mais à la fin du repas Philippe procède à une petite devinette gustative : les clients doivent deviner à quoi le rhum est arrangé : "- on n’arrive pas à déterminer... hésite ce client, mais on se demande si vous ne nous avez pas fait la farce de nous donner le rhum-couleuvre... -Exact ! répond Philippe... Eclats de rire. Et les clients de le reconnaître : le rhum couleuvre mérite bien le détour par la Montagne.
Chaque jour le restaurant aux 400 rhums accueille des dizaines de clients. Fort de ce succès, Philippe Lauret espère un jour créer le premier musée du rhum arrangé à la Réunion. Un musée à déguster, avec modération bien sûr.