Antenne Réunion
Suite au décès d’une personne âgée s’étant faite vacciner contre le chikungunya, les autorités sanitaires ont annoncé l’exclusion des personnes de 65 ans des cibles de la campagne de vaccination contre le chikungunya avec le vaccin IXCHIQ à La Réunion et à Mayotte. Deux autres personnes sont également hospitalisées. La sénatrice Evelyne Corbière Naminzo réagit.
La Réunion est encore une fois victime de l’inconséquence de l’Etat. Ni l’Etat ni les autorités sanitaires n’ont tiré de leçon de la dernière épidémie qui a frappé notre île il y a 20 ans.
C’est un constat unanime : l’épidémie de chikungunya n’a ému personne à Paris. Entre les ministres qui font mine de découvrir la gravité de cette maladie et de ses conséquences, et l’indifférence avec laquelle nos alertes ont été accueillies, nous sommes submergés par la colère et l’indignation. Je rappelle qu’une épidémie de chikungunya est grave. Les gens décèdent : nourrissons, adultes, personnes âgées.
La Haute autorité de santé a retiré les 65 ans et plus du programme de vaccination. En effet, le vaccin a provoqué des formes graves de la maladie chez trois personnes, provoquant un décès. Cette décision interroge sur le sérieux avec lequel la santé des Réunionnais et des Réunionnaises est envisagée.
Comment la dangerosité du vaccin n’a-t-elle pas été mieux évaluée ? Les Réunionnais ne sont pas des sujets d’expérimentation. C’est un véritable scandale qui se déroule sous nos yeux. Cet événement provoquera encore plus de défiance au sein de la population, vis à vis de ce vaccin. Cette annonce signifie également que le vaccin ne peut être proposé que lorsqu’il n’est pas remboursé !
Pendant ce temps, nos familles souffrent. Rien n’est fait pour intervenir contre les ruptures de stock de produits répulsifs, ni le contrôle de leurs prix. Les travailleurs peinent à se rendre au travail, toujours plus accablés par les mesures budgétaires de la dernière loi de finance sanctionnant les agents en arrêt maladie. L’impact économique de cette épidémie se fait déjà ressentir, alors même que nos entreprises peinent à se relever du cyclone Garance.
Les moyens d’action efficaces contre le chikungunya sont connus : c’est la prévention, l’information et la lutte systématique contre les gites larvaires. Mais de cela, Paris ne veut pas. Nous traversons le pic épidémique avec moins de contrats PEC, moins accompagnés par l’Etat. Pourtant, à La Réunion, cette méthode a fait ses preuves. Elle est durable et efficiente. Elle permet non seulement une lutte active, mais également elle confère une mission de santé publique à des personnes éloignées de l’emploi, en vue de leur insertion professionnelle.
Depuis des mois, la gestion de cette épidémie par les autorités sanitaires laisse apparaître des failles à différents niveaux de responsabilité. Il est nécessaire qu’une commission d’enquête puisse faire la lumière sur ces fautes et ceux qui ont failli dans leur mission de santé publique.