Ce vendredi, la version de deux frères, opposée à celle de la victime et des témoins, n’a pas convaincu le tribunal. Ils ont été condamnés pour avoir tiré au flash-ball à trois reprises en direction d’un homme, à Saint-Benoît, samedi dernier.
En entendant la décision du tribunal, Dimitri T. est penché en arrière, les bras croisés. Il ne peut pas s’empêcher de tourner la tête de gauche à droite, en signe d’écœurement. Il apprend qu’il part directement, ce vendredi, en prison pour une durée de 24 mois. Bien plus, d’ailleurs ses deux sursis de 3 mois et 2 mois sont révoqués. La présidente lui demande s’il a des addictions et a besoin d’un traitement avant d’aller en prison. Il hausse les épaules et répond : "Mi connais pas", visiblement excédé.
Son frère, au casier vierge, est condamné à une peine de 12 mois de sursis simple. Ce dernier ne peut s’empêcher de soutenir son frère en lui tapotant dans le dos.
Quelques minutes plus tôt, ce même geste était réalisé par Dimitri pour son frère, en larmes, lorsqu’il expliquait sa situation. Les deux frères sont suspectés d’avoir tiré à trois reprises avec un flash-ball sur un homme, le 14 août dernier, à Saint-Benoît. Il sera atteint à l’abdomen, sur le flanc, au visage et perdra une dent. Au total, les médecins luis prescrivent une interruption temporaire de travail de 10 jours. La version des deux frères qui se ne rendront à la gendarmerie que le mercredi, malgré d’incessants appels des militaires et des visites au domicile de leur mère, diffèrent grandement de celles des témoins et de la victime. Pour eux, le tireur n’est autre que Dimitri T., déjà a condamné à cinq reprises et en état de récidive légal. La présidente du tribunal correctionnel ne cache pas ses doutes quant à la version des prévenus. "Ce sont eux qui mentent et vous qui dites la vérité ?", demande la magistrate lors de leur procès en comparution immédiate. "Je ne dis pas ça", lui répond l’ainé des deux frères, âgé de 30 ans. Inséré et titulaire d’un CDI depuis 3 ans, il est inconnu des services de justice.
D’après sa version, en avril dernier, il a acquis cette arme qu’il avait cachée dans un caniveau. Il semble vouloir porter le chapeau à la place de son frère. Ce 14 août, sa mère aurait été victime d’une agression. Il décide donc de prendre cette arme. Au moment de la bagarre avec la victime qui, lors de l’arrivée des gendarmes, sera contrôlé avec plus de 4 grammes d’alcool par litre de sang, il aurait donc fait usage de son arme pour se défendre. "J’ai vu dans ses yeux qu’il n’avait pas peur. Même après avoir tiré, il a continué. C’était un frigo pour moi, cet homme", avance-t-il. Dimitri T. aurait alors vu l’arme tomber au sol et l’aurait ramenée dans la voiture. Pour son avocat, Me Louis Ropars, le doute doit bénéficier à son client. "Comment peut-on poursuivre, quelqu’un d’un délit commis et revendiqué par un autre ? Personne, ici, n’est capable de démontrer que mon client a tiré avec cette arme", précise la robe noire qui rappelle que son client est en plein "effort de réinsertion".
Une version qui visiblement n’a pas convaincu les juges. En peines complémentaires, le prévenu au plus lourd casier judiciaire a l’interdiction de porter une arme durant 5 ans et de se rendre à Saint-Benoît. Son frère aussi ne pourra pas porter d’arme et ne peut pas rendre dans la rue où s’est déroulée la bagarre durant trois ans.