Selon un sondage Ipsos réalisé à la Réunion, en Martinique et en Guadeloupe, les trois quarts des personnes interrogées seraient défavorables au projet de réforme des retraites.
Ci-dessous le communiqué diffusé par l’Institut de statistiques :
Parmi les 1 520 personnes interrogées par Ipsos DOM à la Réunion, en Martinique et en Guadeloupe, les trois quarts (75%) se déclarent défavorables au projet de réforme des retraites du Gouvernement (20% favorables et 5% sans opinion).
Paradoxe ? Sans doute non. Si les populations d’Outremer sont, sans ambiguïté, majoritairement opposées au projet de réforme des retraites (à l’instar de leurs concitoyens de l’hexagone), leurs préoccupations principales sont ailleurs : emploi et pouvoir d’achat avant tout. L’ampleur des manifestations de 2009 l’avait, pour mémoire, parfaitement illustré.
A la différence de l’ensemble national, les sociétés ultramarines sont jeunes et leur souci prioritaire reste celui de leur accès au marché du travail. A la Réunion, 35% de la population a moins de 20 ans et le taux de chômage des 18-25 ans est encore de 51%.
Il faut en effet s’efforcer de briser les préjugés sur un Outremer prétendument « assisté », ce que les faits viennent démentir. La croissance à la Réunion a été de l’ordre de 5% par an entre 1993 et 2007. Le chômage y a baissé de 10% au cours des 10 dernières années. Cette dynamique, soutenue grâce notamment à la défiscalisation (la Réunion a été entre 2005 et 2007 le 1er département français créateur d’emplois) rend la phase actuelle de crise d’autant plus aigüe dans les perceptions ultramarines.
La faiblesse des manifestations d’octobre, outre l’influence de vacances scolaires (à la Réunion), ne doit donc pas cacher un potentiel de mobilisation sociale qui reste élevé (74% des Réunionnais sont prêts à soutenir un grand mouvement de contestation sociale et 32% y participeraient).
Les retraites n’en sont simplement pas le catalyseur approprié. Avec un chômage au-dessus de 25% à la Réunion, les attentes restent fortes de voir l’Etat capable de rééditer, par la défiscalisation (notamment liée au logement social, où les besoins sont très importants) les conditions de croissance d’emploi qui ont prévalu ces huit dernières années, avant crise."