La soirée de ce mardi 27 septembre a été mouvementée devant la préfecture de Saint-Denis. Livrés à eux-mêmes, les 39 migrants sri-lankais sortis de leur zone d’attente se sont retrouvés sans endroit où dormir, alors qu’une solution de relogement aurait dû leur être apportée. La maire de Saint-Denis, Ericka Bareigts, rappelle que le problème d’hébergement des migrants ne concerne pas seulement sa commune, mais l’ensemble de l’île et qu’il revient à l’Etat d’agir face à cette problématique.
Ce mardi 27 septembre, après avoir passé la soirée aux portes de la préfecture dans l’attente d’une solution d’hébergement, 10 des 39 migrants ont passé la nuit dans un centre d’hébergement, à Sainte-Suzanne. Les autres ont été pris en charge par la fondation Abbé Pierre à l’hôtel Tulip Inn, à Sainte-Clotilde. Cette solution est cependant temporaire.
Face à cette mobilisation, soutenue par les avocats des migrants et les associations caritatives, la préfecture évoque une zone de latence entre la fin de la rétention administrative et l’obtention du statut de demandeur d’asile quelques jours plus tard. Elle assure avoir fait le nécessaire en temps et en heure.
Pourtant, la Croix-Rouge qui gère les centres d’hébergements d’urgence de l’île (UDA) alerte les pouvoirs publics suite à leur manque de place. "On sollicite régulièrement la préfecture pour leur dire qu’on est en capacité d’étendre l’UDA dès que la consigne nous sera donnée. Pour l’instant, nous n’avons eu aucun retour", fait savoir Manon Heribert-Laubriat, directrice du pôle lutte contre les exclusions à la Croix-Rouge.
La ligue des droits de l’homme sollicite, quant à elle, toutes les associations en capacité de venir en aide aux migrants. Elle rappelle notamment que tous les Réunionnais sont un jour venu d’ailleurs.
Ericka Bareigts, maire du chef-lieu, estime que Saint-Denis assume seule la solidarité envers les migrants sri-lankais. Une situation impossible à gérer pour la ville qui est déjà débordée face aux demandes de logements des Dionysiens.
"Aujourd’hui, 70% de nos audiences concernent des demandes de logement. La ville de Saint-Denis a été celle qui a construit le plus de logements sociaux sur ces dix dernières années. Nous avons construit plus de 5000 logements sociaux. Nous avons 8600 demandes de logements sur Saint-Denis",
Ericka Bareigts ajoute que sur les 36 centres d’hébergement de l’île, 28 sont à Saint-Denis et qu’ils ne disposent plus de places disponibles.
Elle estime que c’est à l’État d’intervenir et non aux communes de l’île, en particulier dans le cas où d’autres bateaux sri-lankais prendraient la direction de l’île. "S’il y a une volonté de l’État de venir en aide aux migrants, il faut des budgets pour étendre les places."
L’association des maires entend cet appel de la maire de Saint-Denis et souligne, cependant, un contexte déjà difficile à l’échelle de La Réunion. "Les communes n’ont pas forcément toutes les clés pour accueillir ces familles sri-lankaises. Nous devons déjà traiter l’urgence sociale", répond Serge Hoareau, président de l’association des maires de La Réunion.