Antenne Réunion
À Saint-Leu, la mairie compte récupérer une parcelle communale au terme d’un long bras de fer juridique. Le restaurant Namasté et le snack-bar La Banane, installés sur ce terrain face au front de mer, sont sommés de quitter les lieux. Une décision contestée par les gérants, qui dénoncent une démolition injustifiée et appellent à la mobilisation via une pétition en ligne. En toile de fond : un litige de plus de 30 ans entre la commune et l’ancien locataire des lieux.
Deux entités bien connues de Saint-Leu ont une épée de Damoclès au dessus de leur établissement. Les habitués sont consternés. "On ne voudrait pas que le Namaste ni La Banane ne ferment".
" On vient depuis 6 ans et on n’est jamais déçues."
"On vient quasiment tous les jours parce que c’est un endroit très convivial".
Une pétition pour soutenir les deux restaurants est en ligne, à l’origine de sa création, l’une des employés du restaurant, Séverin. "On a le soutien vraiment des commerçants, des habitants de Saint-Leu, la pétition on est au dessus de 3 000 signatures pour le moment uniquement avec le réseau social Facebook".
Les gérants n’en dorment plus "Là on a un avis d’expulsion qui va certainement être rapide, je vais licencier 7 personnes, je vais me retrouver à la rue à 54 ans, sans indemnités sans rien, comme un malpropre alors que j’ai payé mes loyers, j’ai tout payé, mes charges, etc" confie Gaétan Certenais, Gérant du Namaste.
"Moi j’ai 4 employés, et à l’heure actuelle moi si je perds mon emploi je retourne au RSA. A 61 ans c’est délicat" explique Pascal Levionnois, Gérant du snack bar la banane.
Des baux dérogatoires déjà signés, les gérants restent dans l’attente des baux commerciaux. Leur avocat espère une requalification lors de l’audience en appel ce mardi "La commune, il y a quelques années de cela, consciente du problème, a peut-être commis une fraude. C’est-à-dire, ces personnes qui étaient là depuis des années, on leur a contraint de signer ce qu’on appelle des baux dérogatoires, des baux de courtes durées, et je pense que c’était tout à fait interdit et prohibé par la loi" déclare Maître Iqbal Akhoun, avocat des gérants du Namaste et de la banane.
La commune de Saint-Leu est en mesure de demander de quitter les lieux, le juge des référés a rendu une décision favorable qui ordonne la libération des lieux. L’intervention d’un huissier de justice est alors possible "Elle a décidé de leur offrir un cadre exceptionnel dérogatoire de 3 ans pour leur permettre de se réimplanter autre part. Donc elle n’a pas décidé d’appliquer brusquement la décision de justice. Lorsque les personnes ne partent pas, il est possible aussi de recourir à la force publique, c’est ce que prévoient toutes les décisions de justice qui sont prises dans ce cadre là" affirme Maître Aurore Doulouma, avocate de la mairie de Saint-Leu.
Les parcelles devront servir à des projets pour le centre-ville et aussi augmenter le nombre de places de parking dans l’entrée ouest de Saint-Leu.