Richard Blanquart est sculpteur depuis 33 ans. Dans son atelier du Domaine des Tourelles, à la Plaine des Palmistes, l’artiste travaille le bois, la pierre et les métaux. Une façon pour cet autodidacte de sublimer sa colère en art.
C’est à l’âge de 6 ans que Richard est tombé amoureux de la sculpture, grâce aux bas-reliefs des meubles de son grand-père. Fils d’ouvriers, il a cependant développé sa passion de lui-même.
"Je suis allé dans une école de menuiserie mais ce n’était pas du tout ce que je voulais faire : moi, je voulais faire de la sculpture. Mais dans le milieu d’où je viens, il n’y avait ni le savoir ni la connaissance à ce sujet", explique-t-il.
Il rencontre un ébéniste puis un tailleur de pierre à l’âge de 17 ans. Des expériences qui, chacune à sa manière, l’ont façonné.
"La menuiserie/ébénisterie m’a apporté les techniques, la finesse, le temps, la patience. La rencontre avec un tailleur de pierre m’a ouvert à un nouveau matériau, et c’est là que j’ai commencé à faire des choses qui n’étaient pas utiles. L’art au début c’est quelque chose qui est utile à l’esprit, mais on ne le sait pas", commente-t-il à propos de son parcours.
"La création, ce n’est pas vous qui allez la chercher. Elle vient à vous à un moment donné."
"Tous les enfants arrivent facilement à créer quelque chose, maintenant de là à en faire un métier, il faut avoir un peu de chance, ce que j’ai eu."
Ce originaire du nord de la France décide de poser ses valises à La Réunion il y a une vingtaine d’années, ramenant avec lui tous ses outils.
Il s’installe tout d’abord à Saint-Pierre où il vit pendant 18 ans, avant de déménager à la Plaine des Palmistes il y a 5 ans.
"J’y suis venu pour travailler tout ce qui est fonderie", explique-t-il, "car dans les bas il faisait beaucoup trop chaud. Et puis c’est beaucoup plus zen ici, les gens qui passent sont sympas."
Le sculpteur conçoit son métier comme un apprentissage constant. "Si je n’arrive pas à faire quelque chose, je n’ai pas peur d’aller trouver la technique chez quelqu’un d’autre."
Richard puise son inspiration dans la recherche de soi ; tenter de comprendre le monde et l’humanité nourrissent sa créativité.
"Il y a 20 ans, j’avais plus de colère et d’agressivité dans mon travail que maintenant, mais c’était déjà pour les mêmes raisons. Donc ça ne change pas vraiment. Sauf que là maintenant je vois une population qui dit "non" un peu plus facilement. J’espère que ça va durer."
Anticonformisme et critique sociale traversent ainsi son oeuvre, comme dans sa pièce intitulée "Non merci" :
"Elle parle un peu du servage. Et le personnage le plus important dans cette pièce, c’est celui qui ne veut pas suivre les autres."
Le sculpteur autodidacte propose aujourd’hui des cours à ceux qui veulent s’initier à la sculpture.