L’Union des Femmes Réunionnaises (UFR) a publié un communiqué ce week-end où Rémy Bourgogne est décrit comme un "macho" et qu’il s’engagerait dans la voie du "sexisme". Dans un droit de réponse, Rémy Bourgogne réagit.
Droit de réponse au communiqué de l’UFR :
Je viens de lire le communiqué que l’UFR a cru bon de publier à mon encontre. Je l’ai relu. Deux fois. Toujours pas compris. Ou plutôt si : j’ai compris qu’il fallait faire taire toute critique, à coups de mots lourds et d’accusations creuses. On appelle ça un rideau de fumée.
Accuser de sexisme quelqu’un qui ose dire qu’une adversaire ne fait pas l’unanimité, c’est fort. Fort et pratique. Parce que dans cette affaire, tout semble permis — sauf le désaccord.
Le 19 avril, j’ai réagi sur Facebook au communiqué de l’UFR. Voici ce que j’écrivais : « Dire d’une adversaire qu’elle ne fait pas l’unanimité, ce n’est pas du sexisme. C’est de la politique. Si chaque critique devient une attaque misogyne, autant interdire le débat. On peut être en désaccord sans vouloir “chasser les femmes de la politique”. » Et j’ajoutais, pour ceux qui auraient raté l’ironie : « L’UFR a sans doute manqué une belle occasion de se taire. Le combat féministe mérite mieux que des raccourcis médiatiques et des coups de menton militants. Il mérite du fond. Du concret. Et un peu de hauteur. » Je vous laisse relire. À froid.
Le plus surprenant, ce n’est pas qu’on me prête des intentions misogynes. C’est qu’on me les prête en ignorant sciemment mes engagements. Militant associatif, Sociologue et Anthropologue de formation. Enseignant en Sciences Économiques et Sociales et en EMC. Je parle d’égalité tous les jours — pas seulement en conférence de presse. Je ne me déguise pas en féministe à la veille des élections. Dernièrement encore, j’ai proposé qu’une femme — oui, une femme — proche de la présidente de Région, mène une liste de gauche à Saint-Louis en 2026. Pas pour faire joli. Pour qu’elle mène. Et le méchant misogyne que je suis était prêt à tout faire pour que cela se fasse. Mais elle semble avoir déménagé de Saint-Louis !
Étrangement, le communiqué de l’UFR ne vise que moi. Pourtant, d’autres ont aussi exprimé leur désaccord. Parfois plus frontalement. Un vice-président de Région a écrit : « Pas à la hauteur. Le combat pour l’égalité mérite mieux qu’une association qui se laisse instrumentaliser. » Un auteur connu : « Faire de la discrimination misandre ne fera pas avancer non plus… » Silence radio. Pas de communiqué. Pas de convocation devant le tribunal moral. Deux poids, deux mesures. Sélectivité militante. Page 1 sur 2
Il fut un temps où l’UFR défendait toutes les femmes. Ce temps est révolu. Aujourd’hui, elle choisit : ses causes, ses figures, ses ennemis. Quand je dénonce des licenciements abusifs dans les lycées : silence. Quand je me présente contre un candidat parachuté : attaque. Quand je critique la méthode autoritaire d’une présidente d’honneur : exécution publique. C’est clair : je suis devenu l’homme à abattre. Et l’UFR, la cavalerie de la Région.
L’UFR semble avoir la mémoire courte. En 2015, Mme Bello s’allie à André Thien-AhKoon. Celui qu’elle accusait autrefois de sexisme. Tout le monde applaudit. Moi, j’ai été sur sa liste en 2021. Ma famille a milité au PCR pendant quarante ans. Mais aujourd’hui, je suis devenu un traître. Pour avoir osé critiquer. Curieuse idée de la loyauté. Et puis il y a Monique Bénard. Au centre de l’échiquier politique, fanm debout ! La seule, soit dit en passant, à avoir démissionné de son poste de conseillère régionale en 2018 en soutien aux gilets jaunes. En 2015, elle est élue sur la liste de Mme Bello. En 2021, colistière de M. Lebreton. En 2024, je suis son suppléant. En 2015, c’était une alliance noble. En 2024, c’est une compromission. La même femme. Deux lectures. Selon le camp.
Le féminisme n’est ni une étiquette, ni un brevet. Le détourner pour étouffer un débat, c’est le trahir. Le transformer en arme politique, c’est l’appauvrir. On peut défendre les droits des femmes sans appartenir à votre camp. On peut aimer la justice sans prêter allégeance. Il faudra vous y faire.
Fils de petit paysan et de femme de ménage, je suis professeur de SES et d’EMC. L’égalité, la lutte contre les discriminations : je les enseigne chaque semaine. Pas en posture. En pratique. Mes élèves savent que le respect n’a pas de sexe, que l’intelligence n’a pas de camp, et que la pensée critique n’est pas un luxe. Certains adultes devraient y repasser.
Votre communiqué est un procès d’intention. Une diversion. Il n’éclaire rien. Il masque. Je continuerai à dire ce que je pense. À défendre un féminisme libre, sérieux, solide. Pas un féminisme de circonstance. Pas un féminisme d’appareil. La cause est trop importante pour être instrumentalisée. Et les citoyennes, trop intelligentes pour être dupes.
Petite précision : la situation est plus tordue qu’il n’y paraît. Contrairement à ce qui est sous-entendu, je n’ai jamais tenu de propos contre Mme Nabeneza. Le 19 avril, j’ai simplement commenté, sur ma page Facebook, le communiqué de l’UFR Union des Femmes Reunionnaises daté du 18 avril. J’y exprimais mon étonnement face à la sévérité du ton, en posant une question simple : en quoi dire qu’une personne « ne fait pas l’unanimité » serait-il un propos misogyne ? Qui peut sérieusement prétendre faire l’unanimité — homme ou femme ?
C’est pour avoir exprimé une nuance, un point de vue différent, que l’UFR a choisi, dès le 20 avril, de publier un nouveau communiqué, cette fois pour m’attaquer personnellement. Nous ne sommes plus dans le débat d’idées, mais bien dans la dictature de la pensée. C’est précisément cette dérive que je dénonce dans ma propre prise de parole.
Rémy Bourgogne