713 contraventions pour harcèlement de rue ont été enregistrées par les autorités depuis la mise en place de cette pénalisation l’an dernier, mais pas de nombre précis d’éventuelles verbalisations dans l’îlen. Les riverains et les associations sont plutot mitigés quant à l’efficacité du dispositif.
Comme de nombreuses femmes réunionnaises, Naïma est régulièrement confrontée au harcèlement verbal dans nos rues. "C’est fréquent, que ce soit les sifflements, les remarques, c’est vraiment pas anodin que ça se passe."
Des comportements sexistes qu’elle doit affronter quotidiennement. Cependant, elle n’a jamais envisagé de porter plainte. "Il n’y a pas de preuve, je n’étais pas en train de me filmer, donc je me dis que ça ne sert à rien."
Pourtant, depuis un an, une loi visant à condamner les agressions orales a été mise en place. Et elle prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 1 500 euros ; mais c’est une mesure qui reste méconnue.
"Moi je n’en ai pas entendu parler, donc je pense que plein d’autres personnes sont dans le même cas que moi. Je pense que c’est dans la même voie mais il faudrait aller encore plus loin."
"Les femmes ont déjà du mal à porter plainte pour une agression sexuelle, donc aller porter plainte pour une agression verbale, je ne suis pas sûre qu’elles vont être prises au sérieux."
Seulement 713 contraventions ont été dressées en un an. Un chiffre qui serait bien en-deçà du nombre rééel d’agressions. Pour le femmes victimes, prouver les faits est pratiquement impossible. La loi qui condamne les propos injurieux est jugée utile par les experts pour sensibiliser à cette question. Mais pour Frédéric Rousset, chargé de mission au Collectif pour l’élimination des violences intrafamiliales (Cevif), elle reste symbolique.
"Le point faible de cette loi, c’est le flagrant délit. Il est bien évident que le prédateur ou l’imbécile heureux qui va être un peu lourd, et ne pas faire la distinction entre la drague et le harcèlement va, la plupart du temps, marcher sur sa langue à l’approche du policier ou du gendarme."
La Réunion n’est pas épargnée. Une enquête montre que les espaces publics seraient plus sexistes que dans d’autres régions dans l’Hexagone. Deux fois plus de femmes seraient hélées et sifflées dans nos rues.