Un point a été réalisé à la préfecture ce matin sur la gestion du risque requins à la Réunion. 22 requins ont déjà pu être marqués acoustiquement et les études vont se poursuivre pour trouver des moyens adaptés à l’île.
Ce lundi, un point d’étape sur la gestion du risque requins, notamment sur l’Opération CHARC (Connaissances de l’Ecologie et de l’Habitat de deux espèces de requins côtiers) de l’Ouest de la Réunion a été présenté à la préfecture. De nombreux professionnels de la mer étaient présents autour de la table, ainsi que des représentants de l’Etat dont le préfet Michel Lalande.
Les travaux engagés par les collectivités, l’Etat en collaboration avec les professionnels du monde marin se sont attachés à étudier l’ensemble des dispositifs existants dans le monde pour limiter le risque d’attaques de requins. L’Afrique du Sud, l’Australie, les Etats-Unis, et le Brésil sont les pays les plus concernés par cette situation. Néanmoins, il n’y a pas eu de retour sur expérience sur tous les systèmes de protection utilisés. Une évaluation de ces différents moyens mis en oeuvre va être réalisée. "Un groupe d’experts internationaux sera associé à la démarche pour proposer un programme de mesures cohérent par rapport à la gestion du risque à la Réunion", indique la préfecture.
Le but est de déterminer des moyens de protection adaptés au fond marin réunionnais, aux types de requins présents à la Réunion et aux pratiques nautiques. En raison de la diversité de l’île, les dispositifs applicables sur le littoral Ouest ne sont pas forcément adaptables à la région Est, où le risque requins est également bien réel. Le défi est crucial, car il s’agit d’éviter que ne se reproduisent les attaques mortelles de requins, comme celles survenues en 2011.
Suite aux différentes concertations en local, plusieurs thématiques ont déjà été identifiées comme décisives : la surveillance et la sécurité, les dispositions réglementaires, les dispositifs physiques et le suivi scientifique.
Autre point important dans la gestion du risque requins : la réduction de la pollution marine, susceptible d’attirer les squales aux abords des côtes. Dans ce sens, un arrêté préfectoral va être pris avant le 14 juillet, interdisant le rejet de déchets en mer provenant des professionnels de la mer comme les pêcheurs, mais aussi des usines ou installations sur terre, déversant des substances polluantes dans l’Océan.
L’opération CHARC
Le précédent point d’étape sur l’opération CHARC réalisé le 6 avril dernier (Connaissances de l’écologie et de l’habitat de deux espèces de requins côtiers) sur la côte Ouest de la Réunion avait permis de tirer un premier enseignement : aucun groupe de requins bouledogues ou tigres ne s’était véritablement sédentarisé aux abords du littoral réunionnais. Néanmoins, les prédateurs ont tendance à stationner au niveau de l’entrée du port de Saint-Gilles.
Avec pas moins de 6 attaques recensées, dont deux qui ont coûté la vie à de jeunes bodyboarders, l’année 2011 reste dans les annales comme "l’année requins". Pour mettre fin à cette série noire, les autorités ont pris différentes mesures. La vaste opération CHARC (Connaissance de l’écologie et de l’Habitat de deux espèces de Requins Côtiers ) de l’Ouest de la Réunion a été lancée en octobre 2011. Destinée à mieux comprendre le comportement et les habitudes des squales aux abords des côtes réunionnaises, ce dispositif vise à marquer des requins pour repérer leurs déplacements avec l’installation de balises acoustiques sur les animaux et de 10 stations d’écoute.
L’Etat envisage d’étendre les stations d’écoute actuellement installées de la pointe des Galets jusqu’à l’Ermitage, devraient être étendues jusqu’à Saint-Pierre. Entre le 26 janvier et le 18 avril, 7 requins de plus ont été capturés et marqués. Selon le compte-rendu fait par les professionnels de l’Institut Recherche et Développement (IRD) Marc Soria et Antonin Blaison, treize requins sur les 22 marqués ont été repérés par les stations d’écoute. Parmi eux figurent trois femelles bouledogues adultes fréquemment détectées par les stations des Brisants et du Cap des Aigrettes. Huit requins bouledogues ont été détectés et 5 requins tigre sur les douze marqués.
L’analyse des données recueillies a démarré et a permis de mettre en évidence "le faible nombre de détections de requins tigre et leur absence près de la côte" confortant "l’hypothèse d’un habitat plus au large de cette espèce". Quant aux requins bouledogues, il semble qu’ils "sont le plus souvent seuls" et passent "la majorité de leur temps soit à l’extérieur de la zone d’étude, soit sur des stations au large".
La deuxième phase de l’étude CHARC sera menée pour un coût total de 700 000 euros et le premier rapport sera rendu en septembre prochain. L’opération CHARC devrait elle s’achever en 2013.
Une deuxième étude porte sur les moyens de prévention et a été lancée en mai dernier. Avec un volet bibliographique et un travail mené sur le terrain, cette étude vise à définir les moyens de prévention les plus efficaces.