Une douleur et un tabou. Les violences intrafamiliales, les violences sexuelles, l’inceste, dont sont victimes les hommes, le phénomène est peu visibles de par le silence des victimes. Des victimes témoignent.
Cette mère de famille a poursuivi son ex-mari pour des faits d’inceste sur ses trois enfants. Des traumatismes lourds, elle nous confie son histoire.
"J’ai appris, lorsque mon aîné avait 18 ans, que mon ex-mari avait agressé sexuellement et violé mes enfants. Mes enfants ont pu décrire des viols répétés, en les obligeant à regarder des films pornographiques. Il y aurait eu des fellations demandées et faites et surtout des menaces".
Autre famille, autre histoire. Nicolas Puluhen, victime d’inceste lui aussi a décidé de se livrer, mais seulement 40 ans après les faits. Son bourreau est un proche de ses parents. "La plupart du temps on n’en parle pas, par conflit de loyauté pour ne pas emmener quelqu’un en prison. On comprend rapidement, même quand on est enfant que ce qui se fait n’est pas normal et que ça va faire exploser la famille. Il faut assumer le fait de parler et de déclencher une guerre au sein de la famille".
Interrogée sur le sujet une psychiatre évoque l’accompagnement mis en place avec les victimes et le travail de restauration. "Si on est sur des violences sexuelles intrafamiliales, c’est souvent accompagné d’une atteinte au développement de l’enfant qui n’a pas grandi dans un milieu protecteur. Beaucoup de zones de sa personnalité sont blessées, en souffrance", indique Christine Visnelda Douzain, psychiatre spécialisée en psycho traumas et dans la prise en charge de victimes sexuelles.
Le collectif pour l’élimination des violences intrafamiliales prend en charge les victimes et met en place des groupes de parole. "Il faut inviter les victimes à parler, mais on n’y va pas avec pied de biche. Il faut prendre le temps de la victime et il s’agit de faire quelque chose de la parole de la victime. Il faut que ça découle vers une protection de l’enfant, sinon cela ne sert à rien", explique Frédéric Rousset, président du CEVIF.
L’institut national d’études démographiques s’est intéressé au sujet. Parmi des hommes interrogés en France : 1,4 % déclare avoir subi au cours de leur vie au moins une agression sexuelle, une tentative de viol ou un viol. Un chiffre quatre fois moins élevé que chez les femmes (5,5%) et donc moins visible.
Dans le monde 1 enfant sur 5 est victime de violences sexuelles selon l’Organisation mondiale de la santé.