Face aux suppressions de postes annoncées pour la rentrée scolaire 2011-2012, le Recteur de l’Académie de la Réunion - Mostafa Fourar - dresse un état des lieux complets de l’enseignement sur l’île. Pour lui, la réussite de chaque élève est une priorité à relever. Le niveau de l’enseignement à relever et l’élimination du climat d’insécurité parfois ressenti dans certains établissements scolaire sont autant de défis à relever.
Retour sur le fait de la semaine : les 25 ans de Tchernobyl, la pire catastrophe de l’histoire du nucléaire civil.Quel souvenir vous en gardez ?
Mostafa Fourar : Cet anniversaire malheureux coïncide avec la catastrophe de Fukushima et ce que cela m’inspire, c’est qu’il y a 25 ans, cet incident s’est produit dans un pays qui n’était pas démocratiquement et qui n’était pas reconnu pour ses capacités en matière de haute technologique et ce qui m’inquiète c’est de voir qu’aujourd’hui, un nouvel accident s’est produit au Japon, dans un pays très reconnu comme étant développé en matière d’énergie nucléaire (...). J’espère que nous allons tiré les bonnes conclusions suite à cette catastrophe et je pense qu’il y a une prise de conscience au niveau internationale du risque nucléaire. Il faut maintenant se poser la question des énergies alternatives, renouvelables. Ce qui m’amène à dire que la Réunion pourrait servir de modèle en la matière puisque nous avons sur le département un projet d’énergies renouvelables très ambitieux.
Pour rentrer dans le vif du sujet concernant l’éducation à la Réunion : nous ne comptons plus le nombre d’écoles où les parents manifestent pour dénoncer la présence de rats ! Que fait le rectorat ?
Mostafa Fourar : En ce qui concerne les rats, la responsabilité n’incombe pas au Rectorat mais aux mairies. Cette semaine, l’école Isautier - au Tampon - a été fermée sur décision du maire et les choses devraient rentrer dans l’ordre rapidement, après les vacances.
L’éducation nationale prévoit de supprimer 16 000 postes à la prochaine rentrée. Quel est l’impact à la Réunion ?
Mostafa Fourar : Ce ne sont pas des suppressions mais des non-renouvellements. Cela veut dire que personne ne perd son emploi. Pour rassurer, ce ne sont pas des gens qui vont se retrouver au chômage du jour au lendemain, contrairement à d’autres pays qui ont fait ce choix ou qui ont préféré opter pour la baisse des salaires. Ce n’est pas le cas en France.
C’est une décision du Président de la République qui a été validée par le Parlement. Donc, je constate tout simplement que c’est une décision nationale qui a été imposée à toutes les Académies, donc la Réunion devait participer à cet effort national.
Quelles sont les conséquences ? Le nombre d’élèves par classe va-t’-il nécessairement augmenter ?
Mostafa Fourar : Non, non. Le nombre d’élèves par classe ne va pas nécessairement augmente. Pour une simple raison, le ministre de l’Education Nationale a pour la première fois donner la main à chaque Recteur, dans son Académie, pour déterminer les leviers sur lesquels on doit résorber ces emplois.
En ce qui concerne l’Académie de la Réunion, j’ai choisi de ne pas augmenter le nombre d’élèves par classe. C’est une décision que j’ai annoncé. Je mets au défi quiconque qui peut prouver le contraire. Avec la restitution de 162 postes à la Réunion, nous n’allons pas augmenter le nombre d’élèves par classe tout simplement parce que certains missions confiées à des enseignants seront revues. Les enseignants qui n’étaient pas forcément devant les élèves seront de nouveau face aux élèves. Et ce n’est qu’un exemple (...), il existe plusieurs leviers qui permettent de ne pas toucher au nombre d’élèves par classe.
La qualité de l’enseignement reste toujours une finalité. Est-ce que vous avez prévu un levier alors que l’on sait que évaluations de CM2 situent la Réunion en fin de classement par rapport aux autres départements, bien loin de la moyenne nationale ?
Mostafa Fourar : Tout à fait mais là, ce n’est pas la qualité de l’enseignement. C’est toute l’histoire de l’Académie de la Réunion. C’est une Académie jeune, on ne peut pas sortir l’école de son contexte social et économique.
En ce qui concerne les résultats des évaluations en primaire (CM1-CM2), nous sommes effectivement décrochés d’une dizaine de points par rapport à la métropole mais je constate que chaque année, nous enregistrons une amélioration et une réduction de l’écart par rapport à la moyenne nationale. Cette année par exemple, nous avons eu des résultats supérieurs à l’année dernière : de deux points en mathématiques, de trois points en français... Les choses avancent.
Il ne faut pas non plus noircir le tableau. Effectivement dans le primaire, nous avons des difficultés à vaincre mais quand je regarde les résultats au Baccalauréat - par exemple -, nous avons pour la première fois cette année battu le record national. Et surtout, nous sommes la quatorzième Académie de France mais cela, personne ne le dit. Quand on réussit, ce n’est pas souligner et quand il y a des échec, bien sûr, tout le monde focalise dessus et vous avez raison, j’ai mobilisé les inspecteurs d’Académie car nous ne pouvons pas nous contenter de ces résultats. Il y a plusieurs dispositifs qui sont mis en place pour réduire l’échec scolaire. Pour moi, la qualité de l’enseignement ne sera pas sacrifié.
1 500 classes vont être supprimées dans le primaire dès la prochaine rentrée : la Réunion est-elle concernée, alors que la population ne cesse d’augmenter ?
Mostafa Fourar : Non. On ne peut pas dire cela. Les effectifs scolaires diminuent à la Réunion mais non pas de manière très importante. Au niveau de la Réunion, nous aurons 95 fermetures de classes contre 64 ouvertures, donc 31 fermetures nettes.
J’ai dit et je le redis encore aujourd’hui : nos critères de fermeture et d’ouverture de classe ne changeront pas, tout comme l’année dernière. Nous ouvrirons des classes de 24 élèves dans les zones de grandes difficultés, 26 élèves dans les zones avec une difficulté moyenne et 28 élèves par classe dans les zones sans difficulté. Bien sûr, lorsque l’on annonce des fermetures de classes, les gens sont émus, les parents inquiets (...) mais je les rassure, il n’y aura pas plus d’élèves par classe que cette année. Nous ferons les réajustements nécessaires.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien avec le Recteur Mostafa Fourar dans la vidéo ci-jointe.