Avec un surcoût des matériaux de construction en moyenne compris entre + 35 % à Mayotte et + 39 % à La Réunion, l’Autorité de la Concurrence confirme que construire dans l’île revient plus cher qu’en Métropole.
Jean-Christophe Taïlamée possède une expérience d’une vingtaine d’années dans le secteur du Bâtiment et des travaux publics (BTP). Dans le gros oeuvre, il consomme beaucoup d’acier et de béton.
"Ma matière première c’est ça. Ça devient vraiment très compliqué pour notre activité."
Si les chiffres ne sont pas nouveaux, un rapport de l’Autorité de la Concurrence publié ce mercredi les confirme. Les matériaux de construction à La Réunion sont en moyenne 39 % plus chers qu’en Métropole.
Par exemple avec le ciment Clinker : il est 48 % plus cher dans l’île que dans l’Hexagone. "Nos fournisseurs aujourd’hui, avec le prix du ciment, le prix des agrégats comme par exemple le béton, ils sont obligés d’augmenter leurs prix. Nous sommes obligés de payer, sauf que nous ne pouvons pas faire la même chose avec nos clients. Pour avoir des marchés, on est obligés de maintenir voire baisser nos prix", poursuit-il.
Mais pour Jacky Balmine, secrétaire général de la CGTR BTP, l’équation n’est pas la même pour toutes les entreprises.
"Les premières conséquences se font sentir pour les personnes qui construisent, c’est-à-dire les plus pauvres. Pour l’artisan aussi parce qu’il n’arrive pas à répondre à un marché car il ne peut pas s’aligner sur les prix. Si lui il achète deux tonnes de ferraille, ce n’est pas comme un groupe qui en prend 100 000 tonnes."
Autre exemple probant, le prix de l’enduit qui est 250 % plus cher dans l’île. Soit pratiquement trois fois plus qu’en Métropole.
"Le problème c’est que les prix sont anormalement hauts. Les multinationales, qui ont la main mise sur le ciment, les agrégats et sur le béton prêt à l’emploi... Tout l’argent qu’ils gagnent repart", pointe du doigt Cyrille Rickmounie, président de la Capeb.
Parmi les raisons évoquées dans l’étude pour expliquer ces surcoûts : l’insularité, l’éloignement, mais aussi la fiscalité, le transport ou encore la réglementation.
"Comme le souligne ce document, le marché réunionnais a des spécificités qui font que les prix pratiqués ne sont pas les mêmes qu’en métropole. En effet, le marché du BTP dans l’île est exigu comparé au reste de la France. De ce fait, les marges dans le secteur dans les matériaux de construction y sont très faibles. Le coût du transport, de manutention et du stockage, la fiscalité locale, l’éloignement des sources d’approvisionnement et l’octroi de mer sont des facteurs qui contribuent à des prix non comparables à ceux pratiqués en métropole. Ces derniers découragent le nombre d’acteurs sur le marché et ceux qui y sont présents doivent optimiser les ressources pour être viables et pouvoir approvisionner le marché. Selon l’Autorité de la concurrence « … le processus de normalisation peut affecter l’efficacité économique et restreindre la concurrence si cette normalisation produit des normes inutiles… ».
“Nous travaillons tous dans l’objectif de baisse de prix ; déjà des efforts ont été faits sur les marges et pour encore aller plus loin il est nécessaire de travailler sur les charges qui plombent l’industrie du bâtiment” souligne Adam Ravate
Depuis de nombreuses années, le Groupe Ravate a fait d’importants investissements dans le but d’optimiser les coûts et donc de réduire les prix au bénéfice des consommateurs.
Le Groupe continuera à coopérer avec l’Autorité de la Concurrence tout en poursuivant sa mission de fournir des matériaux de construction avec un rapport qualité prix à la population réunionnaise."