L’incendie du Maïdo qui s’est déclenché mardi dernier a déjà ravagé près de 3000 hectares de végétation et provoqué l’évacuation de 26 familles dans les Hauts de Saint-Leu. Face à cette catastrophe écologique, les Réunionnais se mobilisent sur la toile. Plus de 5000 personnes ont signé une pétition sur le web à l’adresse du Préfet Michel Lalande. Elles réclament à cor et à cri un bombardier d’eau pour mettre fin à ce sinistre.
"Monsieur le Préfet,
La situation sur notre Île se degrade de jour en jour, les moyens deployés sont certes importants mais complètement insuffisant car inappropriés. Les flammes dévorent un peu plus d’hectares d’heures en heures, les hélicoptères et les hommes au sol sont débordés, la population commence à avoir peur pour la plupart. Le dash8 à été demandé mair reste indisponible alors essayons de faire bouger les choses !
Le classement au Patrimoine Mondial de l’UNESCO admet-il que l’on économise les moyens ? Veut-on vraiment garder de notre richesse ? Les criminels qui ont attisé ces incidents ne tiennent qu’à UNE chose : ruiner notre diversité, notre beauté unique, nos espèces endémiques, tout ce qui fait que la Réunion et ce qu’elle est."
Au travers de cette pétition en ligne, la population réunionnaise témoigne sa grande inquiétude. Cela fait bientôt une semaine qu’un violent incendie, encore plus virulent que celui d’octobre 2010, ravage la forêt domaniale du Maïdo et menace directement onze espèces végétales et animales, dont certaines sont endémiques de la Réunion.
Depuis le début de l’incendie, plusieurs personnalités politiques, la députée-maire de Saint-Paul Huguette Bello en tête, réclament la venue du Dash 8. Un appel fortement relayé par les Réunionnais qui désespèrent de voir leur patrimoine classé partir ainsi en fumée.
Des moyens considérables ont été déployés : plus de 800 personnes - sapeurs-pompiers, militaires, agents forestiers, personnels communaux - oeuvrent pour empêcher la propagation des flammes et protéger les habitations et les exploitations proches du brasier. Au-delà des équipes dépêchées au sol, un important dispositif aérien a également été mis en oeuvre.
4 hélicoptères bombardiers d’eau effectuent de multiples rotations chaque jour pour noyer les points les plus sensibles. Les hommes du Détachement d’Intervention Héliportée interviennent sur les secteurs les plus difficiles d’accès. Mais malgré tous les efforts fournis, le feu continue de grignoter la forêt du Maïdo. A ce jour, plus de 5200 personnes ont signé la pétition en ligne qui invite le Préfet à recourir à l’avion bombardier d’eau Dash 8. Sur les réseaux sociaux, la population se mobilise aussi et appelle les élus à user de toute leur influence pour que des moyens plus conséquents soient engagés.
Face à la polémique, le Préfet avait tenu vendredi dernier à détailler les conclusions du rapport de la Direction générale de la Sécurité Civile et de la gestion de crise. Selon cette expertise, l’efficacité opérationnelle du Dash 8 à ce stade serait limitée pour plusieurs raisons :
- l’appareil est peu maniable ;
- sa capacité d’emport est limitée du fait de l’altitude ;
- le Dash 8 ne peut pas agir lorsque la couverture nuageuse est trop basse.
Reste à savoir si les services de l’Etat plieront sous la pression de la population qui réclame à cor et à cri la venue du Dash 8, cet appareil qui était apparu comme "Le Messie" en octobre dernier et avait permis de noyer totalement les zones parcourues par le feu. Interviewée par les médias nationaux, la députée-maire Huguette Bello a souhaité une nouvelle fois la venue du Dash 8. Ce lundi matin, les secours notaient une stabilisation du feu. Les équipes mobilisées sur le terrain restent toutefois très vigilantes. Le vent qui souffle depuis mardi pourrait en effet raviver des foyers à tout moment.