Hier, la préfecture de la Réunion dressait un premier bilan concernant l’application à la Réunion de la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public, et donc le port du voile intégral. Après le délai spécifique accordé au département au vue de la spécificité culturelle, les forces de l’ordre ont commencé la répression. 23 femmes réunionnaises portant le voile intégral se sont vues notifier d’un rappel à l’ordre. Cette loi suscite tristesse et déception chez ces femmes.
L’application de la loi d’octobre 2010 interdisant le port du voile intégral a bénéficié d’un délai spécifique à Mayotte et la Réunion. Une disposition prise par l’Etat, prenant en compte le métissage particulier des cultures et des religions dans ces îles. Mais désormais la phase de tolérance est terminée. Trois mois après l’entrée en vigueur du texte, la préfecture a annoncé hier que 23 femmes se sont vues notifier un rappel à la loi.
"Entre le 11 avril et le 7 juillet 2011, 23 infractions ont été relevées à La Réunion : 10 à Saint-Denis, 7 à l’aéroport, 4 à Saint-Paul 1 à Saint-André et 1 à Saint-Benoît. Toutes les femmes contrôlées ont fait l’objet d’un rappel à la loi par un officier de police judiciaire. Les participants à la rencontre se sont félicités de constater que l’application de la loi sur l’île n’a donné lieu à aucune provocation, ni incident", a indiqué vendredi la préfecture.
Comment l’application de cette loi est perçue par les premières intéressées ? Fatima porte le voile depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle fait partie des 23 femmes qui ont reçu un rappel à la loi. "J’ai été contrôlée, rappelée, j’ai reçu un avertissement de la part d’un policier, pas méchant, je lui ai donné mon point de vue et tout s’est bien passé", confie la jeune femme.
Si son contrôle s’est bien déroulé, Fatima reste amère, triste de ne plus pouvoir librement circuler dans les rues dionysiennes avec son voile, sans risquer une amende. "Avant on était libre de s’habiller comme nous voulions, de pratiquer notre une belle religion", ajoute Fatima. Sous l’émotion, elle fond en larmes "cette loi va nous empêcher de sortir".
Car selon ces femmes, cette loi visant à les rendre plus libres de leurs mouvements, va les contraindre au contraire à rester chez elles. En cas de non-respect de la loi, la contrevenante risque une amende de 150 euros. Cette femme l’affirme, par peur d’être contrôlé, de moins en moins de femmes voilées intégralement osent sortir de chez elles. "Soi-disant, nous sommes dans un pays des droits de l’homme, mais cela je trouve que c’est vraiment une violation des droits de l’homme", estime cette autre femme portant le voile intégral.
Le dialogue et la médiation devraient se poursuivre encore pour faciliter l’application de cette loi très controversée.