Lionel Calenge, directeur général du CHU de La Réunion fait le point sur la gestion de la crise sanitaire sur l’île.
Lionel Calenge, directeur général du CHU de La Réunion accorde sa première interview de la rentrée à Antenne Réunion.
"Je suis rassuré, parce que la première phase de l’épidémie a été bien gérée au CHU, parce qu’il y a un niveau de préparation à l’hôpital très important, mais aussi inquiet, comme tout le monde, par l’intensité de circulation du virus, par les chiffres qui montrent que le virus circule activement sur notre territoire.
L’hôpital est prêt. (...) On gère cette crise minute par minute, il faut toujours avoir un coup d’avance sur l’épidémie, ce qu’on a réussi à faire jusqu’à présent".
"On a pris une décision, d’augmenter l’offre de soin. En réanimation, on a 14 lits dédiés au Covid aujourd’hui, on en aura 4 de plus à Saint-Pierre. Ce matin, il y avait 12 lits de réanimation occupés. En médecine, on a également armé notre unité à Saint-Pierre. On a 36 de médecine à Saint-Denis, 12 supplémentaires sont ouverts sur aujourd’hui sur Saint-Pierre".
Notre difficulté c’est notre insularité. (...) On est prêt jusqu’à un certain seuil. On peut aller jusqu’à 85 lits de réanimation sur le CHU, au delàs de cela, il nous faudra mobiliser des renforts extérieurs.
Je suis inquiet pour un autre point. Pour arriver à 85 lits de réanimation, il nous faudra déprogrammer des activités autres, de chirurgie. Il ne s’agit pas que de la prise en charge des patients covid se fasse au détriment des autres patients. le taux d’occupation du CHU actuellement et des autres hôpitaux est aujourd’hui est supérieur à 90%. On est à saturation de nos capacités.
"Notre personnel est très mobilisé, sa sécurité, c’est notre préoccupation constante. (...)
Dès qu’on a un personnel positif au covid-19, on a un protocole particulier qui s’applique. On a eu plusieurs personnels au SAU Nord qui ont été testés positifs. Il n’y a à ce stade aucune preuve d’une chaine de contamination professionnelle. Il n’est pas étonnant que nos personnels soient contaminés par le covid-19, comme la population générale. On suit la situation de très près. (...) Tous les patients qui sont hospitalisés sont testés. Lundi prochain j’aurai un échange avec les syndicats.
Les stocks sont vraiment au point. On n’a pas de difficulté autour des approvisionnements. Sur les masques chirurgicaux on a 5 mois d’autonomie, on a deux mois et demi sur les masques FFP2 pour des gestes médicaux invasifs. Sur les équipements de protection individuels, pas de tension".
Autour de nous il y a 10 000 km, on est l’hôpital de recours. Il faut à tout pris éviter ce scénario, si le système hospitalier est saturé, on aura pas forcément de recours. C’est possible techniquement d’évasaner des patients en réanimation mais c’est compliqué, ça engage aussi leur pronostic vital. (...) Il est encore temps d’agir pour éviter la saturation du système hospitalier.