De nombreux Réunionnais affirment « qu’une petite fessée n’a jamais fait de mal à personne ». Il faut selon eux, faire le distinguo entre le châtiment humiliant et la simple correction.
Interrogés du côté de Saint-Pierre, certains affirment par contre avoir été « tellement traumatisés » étant petits, qu’il faut à tout prix interdire le geste de la fessée ou de la gifle.
Les pédopsychiatres préfèrent l’écoute à la punition physique. La correction gestuelle ne résout pas les causes d’un problème, mais ne font que l’aggraver.
La position de Edwige Antier :
Loin de corriger ou d’éduquer l’ « enfant roi », explique-t-elle, la petite claque sur les fesses ne contribue qu’à la banalisation de la violence. « Plus on lève la main sur un enfant, plus il devient sournois, agressif et menteur ».
La pédiatre affirme, en se fondant sur ses « 38 ans de pratique professionnelle », que les enfants « qui n’ont jamais reçu de fessée sont les mieux élevés, plus à l’écoute des adultes et de leur autorité ». « La seule chose que l’on fait passer à l’enfant » en lui donnant une fessée, « c’est qu’un conflit peut se résoudre par la violence » et « que le fort a le droit de frapper le faible ». « On ne peut plus laisser entendre que ce n’est pas grave ou, même pire, que ça a une vertu éducative alors que c’est exactement le contraire », dénonce-t-elle.
« Faire changer les mentalités »
Edwige Antier appel de ses voeux une loi, davantage dans l’objectif de « faire changer les mentalités », que de sanctionner. A l’image de la Suède : « Quand (ce pays) a interdit la fessée en 1979, 70% des parents y étaient opposés. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10% », fait-elle valoir. « Il ne s’agit pas d’envoyer les parents en prison ni de les en menacer », rassure -t-elle. Elle ne propose donc pas d’inscrire l’interdiction de la fessée dans le Code pénal mais, « comme en Allemagne », dans le Code civil. « L’article serait lu aux parents lors du mariage ».
En 2008, le Conseil de l’Europe avait appelé ses Etats membres à interdire la fessée, avec la campagne « Levez la main contre la fessée ! ». Une campagne qui avait provoquée une levée de bouclier de plusieurs associations. Jusqu’à présent, dix-huit Etats sur les quarante-sept du Conseil de l’Europe ont interdit tout châtiment corporel. Un expert des Nations-Unis avait de son côté fixé l’échéance de 2009, pour abolir dans les différents états les châtiments corporels sur les enfants.
Une fois sa proposition de loi officiellement déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale, rien ne garantit qu’elle soit débattue en séance publique et, a fortiori, votée. « Je n’ai aucune garantie que le gouvernement la reprenne, mais je serai entêtée », assure-elle. « Si la France est à la traîne, c’est qu’on s’y refuse à prendre une décision impopulaire ». De fait, en France, 87% des parents déclarent avoir déjà donné une fessée et plus de la moitié sont contre une interdiction, selon une enquête de l’association L’Union des familles en Europe publiée en 2007.