Arnaud Bellamy-Brown, directeur général de l’Iedom, Bernard Frémont, directeur général de la banque de la Réunion, conseiller du commerce extérieur de la France reconnaissent l’existence de la crise et restent optimistes sur la capacité de rebond de la Réunion. Interview croisée.
Peut-on de votre point de vue parler d’une crise économique dans notre île ?
Arnaud Bellamy-Brown : Oui à l’évidence. La Réunion est en crise parce que depuis 2007, il y a une crise internationale provoquée par la crise des subprimes… qui a été ramenée en Europe, puis à la Réunion. Ca c’est une première chose. Mais la Réunion est également en crise pour ses raisons propres.
Lesquelles ?
L’ arrêt du BTP à partir de 2009 pour deux raisons principales. D’une part un manque de tuilage dans les grands travaux avec l’arrêt du tram train, et un démarrage plus lent de la nouvelle route du littoral sur fond de choix politiques différents. Et d’autre part, et ça c’est l’essentiel, c’est l’arrêt de la construction du logement privé par les incertitudes liées à la négociation de la loi Jego, qui ont fait qu’à partir de 2009, la construction de logement privé s’est arrêtée.
J’insiste beaucoup là-dessus parce que au point de vue de l’emploi, ça compte beaucoup plus que le manque de tuilage des grands travaux.
Avez-vous la sensation que la crise est installée pour un bout de temps dans notre île ?
Bernard Frémont : Pour l’instant je regarde encore. Et finalement après avoir travaillé à l’étranger notamment aux Etats-unis, en Asie et en Angleterre, j’arrive à me dire, qu’il y a des points qui ressurgissent et qui sont extrêmement intéressants à la Réunion. La crise, on en parle depuis 40 ans, et quand j’étais étudiant, j’apprenais déjà la crise, et mes enfants ont toujours vécu dans la crise. Donc il y a eu des crises de nature différente mais il faut relativiser. Ca veut dire qu’il y a de l’espoir et ce serait trop facile de dire, il y a la crise on arrête tout.
Il y a des faiblesses apparentes dans l’île. C’est une économie insuffisamment tournée vers l’extérieur, on vit entre nous et quand vous avez un souci avec une entreprise qui est sous traitante d’une autre plus grande, vous constatez cet effet de jeu de cartes, qui va faire que progressivement, elle va avoir des difficultés et va la transmettre à une autre. Ce côté démultiplicateur est très embêtant.
Vous avez également un cycle structurel particulier. Au début de la vie des entreprises, il y a une croissance, puis une forte diversification dans des tas de segments de marchés différents, et puis arrive un moment où l’île n’absorbe plus ce développement. La chute est rapide car les charges fixes sont toujours présentes. D’où l’obligation de sortir de l’île, et donc cette nécessité de commerce extérieur, d’aller vers d’autres territoires, est absolue.
Quel est le point fort de la Réunion ?
Arnaud Bellamy-Brown : Son agilité. Je constate cette capacité de collaboration, et d’élaborer des solutions ensemble, même si en ce moment on se lamente. Mais dans le passé vous avez très bien travaillé ensemble et dans le futur cela va encore être le cas.
Bernard Frémont : moi ce qui me frappe c’est la capacité entrepreneuriale de l’île. On a vraiment une sorte de code génétique entrepreneurial ici, qu’il faut encore transmettre.
Quels sont les amortisseurs de la crise ?
Arnaud Bellamy-Brown : les amortisseurs sont connus. Une partie de la population vit avec les minimas sociaux. C’est une situation difficile pour eux mais ça lisse le problème de la consommation. La croissance démographique est un autre amortisseur qui permet à la consommation de se développer. Et puis dernier amortisseur quand même, une élévation régulière du pouvoir d’achat d’une partie de la population.
Comment rebondir ?
Arnaud Bellamy-Brown : écoutez, ce n’est pas vers le BTP qu’on aura du rebond même si quelques grands travaux sont relancés et qu’il y aura un effet d’entraînement. Ce qui est intéressant dans cette île, c’est qu’elle est en train de construire ses solutions de rebonds.
Moi, je crois beaucoup au programme d’innovation de la Réunion, je crois beaucoup aux programmes d’énergies nouvelles dont certains sont extrêmement novateurs. Il y a plein de possibilités. Evidemment cela ne va pas créer une masse immédiate d’emploi, mais on ne sait pas ce que cela donnera au point de vue emploi.
Comment s’impliquent les banquiers à la Réunion ?
Bernard Frémont : Je voudrais dire une vérité toute simple, les banques continuent de prêter, et elles veulent prêter. C’est absurde de dire qu’elles ne le souhaitent parce que le chiffre d’affaires d’une banque est fait des prêts. Ce qui veut dire que si on ne prête pas, il n’y a pas de chiffre d’affaires et à ce moment là, nous n’absorbons plus les charges fixes qui sont importantes dans les banques.
Notre banque prête. La croissance entre juin 2011 et juin 2012 est de 5% sur l’ensemble des encours de crédit, ce qui est tout à fait remarquable.
La banque de la Réunion réalise 21 millions d’euros de bénéfices. Ou vont –ils ?
Ce bénéfice est totalement laissé à la banque de la réunion, rien n’est rapatrié en métropole. C’est une chose extrêmement importante car cela nous permet de prêter encore plus.
Retrouvez le podcast de l’émission “Point de vue” sur le site www.antennereunionradio.
Arnaud Bellamy-Brown : Oui à l’évidence. La Réunion est en crise parce que depuis 2007, il y a une crise internationale provoquée par la crise des subprimes… qui a été ramenée en Europe, puis à la Réunion. Ca c’est une première chose. Mais la Réunion est également en crise pour ses raisons propres.
Lesquelles ?
L’ arrêt du BTP à partir de 2009 pour deux raisons principales. D’une part un manque de tuilage dans les grands travaux avec l’arrêt du tram train, et un démarrage plus lent de la nouvelle route du littoral sur fond de choix politiques différents. Et d’autre part, et ça c’est l’essentiel, c’est l’arrêt de la construction du logement privé par les incertitudes liées à la négociation de la loi Jego, qui ont fait qu’à partir de 2009, la construction de logement privé s’est arrêtée.
J’insiste beaucoup là-dessus parce que au point de vue de l’emploi, ça compte beaucoup plus que le manque de tuilage des grands travaux.
Avez-vous la sensation que la crise est installée pour un bout de temps dans notre île ?
Bernard Frémont : Pour l’instant je regarde encore. Et finalement après avoir travaillé à l’étranger notamment aux Etats-unis, en Asie et en Angleterre, j’arrive à me dire, qu’il y a des points qui ressurgissent et qui sont extrêmement intéressants à la Réunion. La crise, on en parle depuis 40 ans, et quand j’étais étudiant, j’apprenais déjà la crise, et mes enfants ont toujours vécu dans la crise. Donc il y a eu des crises de nature différente mais il faut relativiser. Ca veut dire qu’il y a de l’espoir et ce serait trop facile de dire, il y a la crise on arrête tout.
Il y a des faiblesses apparentes dans l’île. C’est une économie insuffisamment tournée vers l’extérieur, on vit entre nous et quand vous avez un souci avec une entreprise qui est sous traitante d’une autre plus grande, vous constatez cet effet de jeu de cartes, qui va faire que progressivement, elle va avoir des difficultés et va la transmettre à une autre. Ce côté démultiplicateur est très embêtant.
Vous avez également un cycle structurel particulier. Au début de la vie des entreprises, il y a une croissance, puis une forte diversification dans des tas de segments de marchés différents, et puis arrive un moment où l’île n’absorbe plus ce développement. La chute est rapide car les charges fixes sont toujours présentes. D’où l’obligation de sortir de l’île, et donc cette nécessité de commerce extérieur, d’aller vers d’autres territoires, est absolue.
Quel est le point fort de la Réunion ?
Arnaud Bellamy-Brown : Son agilité. Je constate cette capacité de collaboration, et d’élaborer des solutions ensemble, même si en ce moment on se lamente. Mais dans le passé vous avez très bien travaillé ensemble et dans le futur cela va encore être le cas.
Bernard Frémont : moi ce qui me frappe c’est la capacité entrepreneuriale de l’île. On a vraiment une sorte de code génétique entrepreneurial ici, qu’il faut encore transmettre.
Quels sont les amortisseurs de la crise ?
Arnaud Bellamy-Brown : les amortisseurs sont connus. Une partie de la population vit avec les minimas sociaux. C’est une situation difficile pour eux mais ça lisse le problème de la consommation. La croissance démographique est un autre amortisseur qui permet à la consommation de se développer. Et puis dernier amortisseur quand même, une élévation régulière du pouvoir d’achat d’une partie de la population.
Comment rebondir ?
Arnaud Bellamy-Brown : écoutez, ce n’est pas vers le BTP qu’on aura du rebond même si quelques grands travaux sont relancés et qu’il y aura un effet d’entraînement. Ce qui est intéressant dans cette île, c’est qu’elle est en train de construire ses solutions de rebonds.
Moi, je crois beaucoup au programme d’innovation de la Réunion, je crois beaucoup aux programmes d’énergies nouvelles dont certains sont extrêmement novateurs. Il y a plein de possibilités. Evidemment cela ne va pas créer une masse immédiate d’emploi, mais on ne sait pas ce que cela donnera au point de vue emploi.
Comment s’impliquent les banquiers à la Réunion ?
Bernard Frémont : Je voudrais dire une vérité toute simple, les banques continuent de prêter, et elles veulent prêter. C’est absurde de dire qu’elles ne le souhaitent parce que le chiffre d’affaires d’une banque est fait des prêts. Ce qui veut dire que si on ne prête pas, il n’y a pas de chiffre d’affaires et à ce moment là, nous n’absorbons plus les charges fixes qui sont importantes dans les banques.
Notre banque prête. La croissance entre juin 2011 et juin 2012 est de 5% sur l’ensemble des encours de crédit, ce qui est tout à fait remarquable.
La banque de la Réunion réalise 21 millions d’euros de bénéfices. Ou vont –ils ?
Ce bénéfice est totalement laissé à la banque de la réunion, rien n’est rapatrié en métropole. C’est une chose extrêmement importante car cela nous permet de prêter encore plus.
Retrouvez le podcast de l’émission “Point de vue” sur le site www.antennereunionradio.
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