Le président de la Fédération des télévisions locales privées des Outre-mer Jean-Claude Asselin de Beauville alerte les autorités sur "les difficultés à exister" pour les télévisions privées confrontées "aux pratiques déloyales et anti concurrentielle de France Télévision".
Pour la toute première fois, les télévisions privées des Outre-Mer se sont unies. A la tête de la Fédération des télévisions locales privées des Outre-mer, Jean-Claude Asselin de Beauville insiste sur l’état d’urgence depuis "le déploiement de la TNT Outre-mer".
Quel est l’objectif des télévisions privées d’Outre-mer à travers cette démarche commune ?
Jean-Claude Asselin de Beauville : On nous a souvent reproché d’être divisés pour porter nos revendications. Aujourd’hui, tous les Outre-mer sont solidaires pour une même cause : la survie des télévisions locales privées. C’est l’objectif numéro un de ce rassemblement. C’est la toute première fois qu’une Fédération est créée pour représenter les télévisions privées d’Outre-mer.
L’objectif est avant tout d’alerter les autorités afin qu’elles prennent conscience des difficultés des télévisions privées pour exister.
Depuis l’arrivée de la TNT (gratuite sur ces territoires depuis novembre 2011 / pluralisme, qualité d’images...), on a créé des outils mais on ne nous a pas donné les moyens d’exister. L’arrivée de la TNT a tout bouleversé et il faut maintenant que le Gouvernement prenne conscience que nous n’avons pas les moyens d’exister face aux pratiques déloyales et anti concurrentielles de France télévisions (au sein du réseau Outre-mer 1ère et France O).
A l’issue de la réunion du 26 septembre à l’Elysée, puis au ministère de la Culture et de la Communication, au ministère des outre-mer ainsi qu’au CSA et à la DGMIC, quelles sont les avancées obtenues par la Fédération ?
Jean-Claude Asselin de Beauville : Nous avons obtenu la tenue des Etats Généraux des Télévisions privées au CSA, à Paris dès le mois de décembre 2012. A l’issue de ces Etat Généraux, nous attendons des réponses concrètes.
La délégation conduite par Jean Claude Asselin de Beauville, (HRTV Martinique) président de la Fédération des télévisions locales privées des outre-mer, regroupait les représentants des 9 télévisions privées présentes : Lisa Rodriguez Mario Moradel, Karen-Kelly Mamie (Guadeloupe), Sylvie Brival (Guyane), Christophe Ducasse (La Réunion), Yves Haupert (Polynésie française), Rony Laine (Saint-Barthélemy/Saint-Martin) et Roland Laouchez, Jean Claude Asselin de Beauville (Martinique).
D’une même voix, les responsables des télévisions privées affirment que depuis le déploiement de la TNT outre-mer, le réseau des outre-mer 1ère et France Ô " ont renforcé de façon considérable leurs acquisitions de programmes (principalement des séries américaines et des télénovelas) auprès des fournisseurs habituels des télévisions locales privées des outre-mer, y compris, auprès des groupes TF1 et M6, le groupe France télévisions profitant de sa puissance financière pour acquérir de façon groupée des programmes en exclusivité sur plusieurs années, pratiquant une surenchère financière exagérée, de façon à priver l’accès aux contenus premium, pour les télévisions locales privées des outre-mer" ".
En outre, les chaînes privées d’outre-mer constatent, "un dumping sur les prix des écrans publicitaires et des tentatives de débauchages massifs des animateurs et présentateurs de la part de l’opérateur public".
Le budget de France Télévisions provenant à 95% de l’Etat, les chaînes privées qui traversent une période difficile dans un contexte de crise économique, renforcée sur ces territoires, demandent de toute urgence aux autorités de l’Etat de mettre fin à ces dérives (cf Linfo.re "L’union des télévisions privées des Outre-Mer").
Alors que se prépare une nouvelle loi audiovisuelle, la Fédération souhaite que :
les organismes de tutelle des Outre Mer 1ère et de France Ô s’engagent à faire cesser les pratiques anticoncurrentielles exercées par elles sur les territoires en question,
le législateur facilite l’acquisition de programmes diffusés sur les chaînes TNT en métropole, qui, à ce jour, bloquent les droits en exclusivité sur les outre-mer, alors qu’elles n’y sont pas diffusées, empêchant ainsi l’accès pour les télévisions locales privées des outre-mer à une source indispensable de programmes frais,
- soient prises en compte les habitudes de vie spécifiques en outre-mer, d’où sa demande d’avancer le prime-time à 18h00 au lieu de 20H dans la future loi,
les télévisions locales privées des outre-mer, qui le désirent, puissent avoir la possibilité d’être diffusées dans les Antilles et en Guyane sur un simplex,
l’Etat puisse garantir un égal accès aux chaînes locales privées sur les bouquets satellitaires, ce qui n’est pas le cas, notamment avec Canal SAT aux Antilles,
l’Etat accorde la gratuité des coûts de diffusion pour les chaînes locales privées des outre mer, compte tenu que ROM1 a été imposé à l’ensemble des chaînes, sans possibilité pour ces dernières de participer au choix.