Pendant deux jours aux Assises, Jean Bègue a été jugé pour avoir tiré sur son beau-frère le 30 mars 2020, durant le confinement. À l’origine, une dispute avait éclaté entre sa compagne, âgée de 24 ans, et son petit frère, âgé de 20 ans. Ce dernier s’en est sorti miraculeusement.
C’est l’histoire d’une banale dispute entre frère et sœur qui est à l’origine des faits en cette soirée du 30 mars 2020. Enceinte, Marie, âgée de 24 ans est déjà mère de deux enfants avec Jean. Le premier a sept ans et le cadet un an. Marie se fait insulter par son petit frère, Mathis de 20 ans.
Il lui reproche de faire des enfants et de ne pas s’en occuper. Les insultes fusent : "salope, putain, sale chienne."
Dans cette fratrie ce n’est pas la première fois que les esprits s’échauffent et la mère de famille décide d’appeler son compagnon pour lui faire part de la situation.
Ni une ni deux, celui-ci arrive, armé d’un fusil. Sa compagne tente de s’interposer. Sauf que Mathis, lui, fait face, se tient torse nu face à son beau-frère et lui dit "tire si tu es un homme."
C’est à ce moment que la soirée prend une autre tournure. Le jeune homme tombe, Jean s’enfuit et la famille appelle les secours. Mathis est entre la vie et la mort. Une grande partie de ses organes vitaux sont touchés : poumon, foie, rate… Il est hospitalisé pendant un mois avec trois opérations chirurgicales.
Entre-temps, Jean se rend de lui-même aux forces de l’ordre. Il explique avoir été impulsif, avoir eu peur pour son bébé et sa compagne. Il exprime de nombreux regrets et reconnaît le geste.
Pendant deux jours, la cour tente de comprendre si oui ou non, Jean a eu la volonté de tuer Mathis.
L’avocate du jeune homme évoque les conséquences irréversibles sur la vie de son client. "Il ne peut plus manger correctement, il n’a plus de vie sociale et ne peut plus faire de sport. À cela s’ajoute l’arrêt de sa formation dans le BTP, car son corps est trop endommagé." La victime, présente à l’audience, confie : "ma vie aujourd’hui est foutue !"
Du côté de la défense, Maître Jean-Jacques Morel plaide : " un homme qui n’est pas un délinquant. Depuis 30 ans, il est boucher charcutier et très bien inséré. Il a eu peur pour la vie de sa compagne, du bébé, surtout que ce n’est pas la première fois que Mathis, très énervé, devient violent. » Il prend l’exemple d’une autre dispute durant laquelle le jeune homme a défoncé une porte et a demandé à sa sœur d’avorter pour « éviter qu’elle abandonne ses marmailles. "
L’avocate générale demande 15 ans de prison ferme, en relevant déjà les deux condamnations pour violences conjugales avec sursis de l’accusé. Elle soulève également le fait que la volonté de tuer était bien présente ce soir-là, autrement, "il n’aurait pas appuyé sur la gâchette."
Après délibération, Jean Bègue est condamné à 14 ans de prison ferme. Une décision satisfaisante pour les deux parties.