Après l’annonce de la décision de la Région de retirer 150 000 euros de subvention au festival Sakifo, du fait de la programmation du très critiqué rappeur Orelsan, l’organisation du festival a riposté, affirmant qu’elle s’engageait à récolter les 150 000 euros manquants désormais dans son budget.
Lors de la commission permanente qui s’est tenue le 27 mars dernier, la Région s’est prononcée à l’unanimité pour le retrait de la subvention de 150 000 euros attribuée à l’organisation du festival Sakifo. A l’origine de cette décision : la venue du rappeur Orelsan qui avait provoqué la colère des associations féministes de l’île, exigeant que le cachet de l’artiste soit amputé du budget accordé à l’événement.
La Région est donc allée au delà des revendications du collectif en supprimant purement et simplement les 150 000 euros alloué au festival. "En tant que responsable politique je ne peux pas et ne veux pas être complice de ceux qui portent cette violence ouvertement", avait précisé Didier Robert.
Ce samedi, l’équipe du Sakifo a décidé de répliquer en affirmant qu’elle engagerait des actions visant à récolter les 150 000 euros manquants désormais dans la cagnotte de l’organisation. Qualifiant la décision de la Région "de coup de massue" et "d’ injustice", les membres de l’organisation se disent "effondrés mais pas résignés" et persistent dans leur intention de programmer l’artiste, sans pour autant augmenter les tarifs des tickets.
Voici dans son intégralité le communiqué de l’organisation du festival Sakifo :
"Rendez-vous devenu incontournable à La Réunion, le Sakifo Musik Festival offre depuis 2004 au public une atmosphère festive dans toute la ville, encourage les découvertes, et favorise les échanges en toute convivialité entre artistes, spectateurs et professionnels de la musique. Dans ce même cadre, des artistes locaux, de l’Océan Indien, de métropole et du reste du monde viennent chaque année proposer aux Réunionnais et aux touristes de passage un moment fort en musiques, en rencontres et en émotions.
Ce projet s’inscrit pleinement dans une démarche de développement culturel local ; de là découle une volonté de rendre les concerts accessibles au plus grand nombre. Une politique tarifaire volontariste met le festival à la portée de toutes les bourses, sans compter les nombreux concerts gratuits programmés tout au long du festival.
Difficile de nier que la décision prise par la Région Réunion à notre encontre le mardi 27 mars dernier, a été pour nous un coup de massue. L’équipe de Sakifo Production le vit comme une injustice, au vu du travail mené depuis près de 10 ans pour que la culture ne soit pas cantonnée à une seule catégorie de public.
Effondrés, mais pas résignés, nous osons espérer pouvoir offrir aux festivaliers une belle édition cette année encore. Nous ne ferons payer ni au public, ni aux artistes les conséquences de cette décision de la Région Réunion : aucune hausse de prix n’est envisagée à ce jour et nous ferons tout pour maintenir les tarifs actuels jusqu’au bout. De plus, aucun artiste ne sera déprogrammé.
Nous allons pour cela, mener des actions afin de lever ces 150 000 euros qui restent indispensables à la mise en place de cette nouvelle édition. Nous vous tiendrons informés de tout cela très prochainement.
Pour information depuis 2004 pas moins de 372 artistes (groupes) ont été invités dont 148 locaux pour une fréquentation de 213 092 entrées payantes. Reconnaître « ce festival parmi l’un des meilleurs », c’est aussi lui faire confiance dans ses choix artistiques, l’accompagner durablement, ne pas le censurer au nom de « la défense des valeurs », alors que justement, nous avons toujours œuvré dans ce sens depuis la création du festival
Nous, équipe du Sakifo, avons nous aussi, en horreur les violences qui sont faites quotidiennement aux femmes, aux enfants et aussi aux hommes. Et nous sommes naturellement ouverts à toute proposition qui pourrait aider la Réunion à avancer dans cette lutte.
Aussi nous espérons que cette subvention qui ne nous a pas été attribuée, sera reversée à des associations ou collectifs qui œuvrent quotidiennement pour cette noble cause."