Monseigneur Gilbert Aubry défend sa position contre le mariage pour tous et sa participation à la manifestation du collectif "Tous pour le mariage homme-femme". Il aborde aussi le sujet de la pauvreté.
Invité sur le plateau du Journal Télévisé d’Antenne Réunion, Monseigneur Gilbert Aubry - évêque de La Réunion - revient sur l’actualité du jour. L’homme d’église a battu le pavé ce matin avec le collectif "Tous pour le mariage homme-femme". Monseigneur Gilbert Aubry se dresse contre le projet de loi visant à légaliser le mariage homosexuel et explique pourquoi.
Appeler à manifester, est-ce que ce n’est pas une forme d’ingérence dans une société laïque ?
J’ai emmené mon livret de famille, celui où sont marqués les noms de mon père et de ma mère. J’ai ma généalogie dans ce livret de famille. Et je ne vois pas pourquoi je n’appellerai pas à défendre les valeurs qui ont fondé la république.
Vous invoquez votre état civil mais ce n’est pas ce qui vous représente avant tout. Comment être sûr que l’église milite au nom d’un principe républicain et non idéologique ?
Ce n’est pas un combat idéologique et ce n’est pas un combat religieux. C’est simplement un combat humain parce que nous sommes des êtres de nature et de culture. La nature, ça se reçoit biologiquement. Je n’ai pas choisi ma date de naissance, mon sexe, le lieu où je suis né. Je n’ai pas choisi de vivre mais je l’assume. Ensuite, avec la culture, cela va s’affiner. Cette dimension humaine, d’un homme et d’une femme, de sexualité évolue au point de devenir après une institution religieuse et civile qui va assurer la filiation et la cohésion de la société. Donc, le mariage a un statut particulier avec un contenu particulier.
Mais on parle d’un mariage civil, vous avez déjà exprimé votre opposition au mariage homosexuel. Rien n’oblige l’église à y adhérer. Est-ce que ce n’est pas un rejet de la différence, de l’homosexualité en l’occurrence ?
L’institution du mariage civil est la seule institution en France où il y a parité entre un homme et une femme. Il ne faut pas toucher à cette égalité. Il y a une différence entre le mariage et tout autre type d’union.
L’intérêt de l’enfant est souvent évoquée. N’a-t-il pas juste besoin de deux parents qui l’aiment ?
Si on veut parler de l’adoption, je vais vous citer la déclaration de l’Association des adoptés reçue par le rapporteur du projet de loi : "C’est en regardant vivre notre père et notre mère que nous avons su trouver nos places dans nos couples. Ce sont nos parents pleinement et entièrement car ils représentent de façon crédible les parents que nous n’avons pas pu avoir."
Cette semaine dans l’actualité, il y a eu un meurtre et une tentative de meurtre. C’est ça aussi, une famille avec un père et une mère. Est-ce un modèle à défendre à tout prix ?
Il y a aussi des problèmes dans des duos de gays et de lesbiennes. Je connais des familles traditionnelles où les enfants sont aimés. Plus qu’un sentiment, l’amour c’est quand on peut se dire ce qui va bien ou mal. Mais une bonne claque sur les fesses peut aussi aider.
La société n’est-elle pas devant un tabou qu’elle peut briser ?
Il y a toujours des tabous. Et toute société ne peut avancer que parce qu’il y a des tabous. Il y a des choses auxquelles on ne touche pas, comme l’inceste. Pour ce qui est du mariage, ce que nous disons, nous ne sommes pas contre les homosexuels. Il y a différents types d’amour. Mais le statut du mariage doit être réservé à un homme et une femme. Et dans le communiqué du collectif "Tous pour le mariage homme-femme", nous avons fait attention à ne pas rejeter les homosexuels. Le texte dit : "l’union de deux personnes de même sexe n’est pas à mettre au même niveau que le mariage."
Vous êtes partisan d’un débat, mais seriez-vous prêt à vous ranger derrière les résultats d’un référendum ?
Un référendum ne veut rien dire sur ce sujet. Parce que la vérité ne dépend pas d’un référendum. C’est au législateur de légiférer, mais ce n’est pas parce que c’est légal que c’est moral.
La pauvreté progresse en France. Jean-Marc Ayrault lance demain la grande conférence de lutte contre l’exclusion. Est-ce que l’église catholique a des recommandations à faire au gouvernement ?
Nous en avons déjà fait à travers le Secours Catholique et Saint-Vincent de Paul. Cette conférence ne réglera pas les problèmes. Tant mieux si elle existe, mais ici, sur le terrain nous avons des problèmes énormes. Et ce sont le Secours Catholique, Saint-Vincent de Paul et d’autres associations et des réseaux de solidarité chez les musulmans qui travaillent. Le plus grand problème est la situation économique de La Réunion, le chômage des jeunes sans formations et de ceux qui sont sur-qualifiés mais aussi de nos agriculteurs et de nos éleveurs.
La pauvreté résonne plus fort dans notre île en cette période de fêtes. Est-ce que l’église catholique est sollicitée ? Est-ce que vous pouvez répondre aux demandes ?
Vous interpellez toujours l’église catholique mais on frappe toujours l’église catholique. Nous travaillons toute l’année et nous disons attention à la consommation en invitant tout le monde à faire preuve de plus de sobriété. Noël est pris dans la paganisation et tout le monde dépense. On n’a jamais autant dépensé pour Noël. Ce n’est pas possible.
Retrouvez dans la vidéo, l’intégralité de l’interview de Monseigneur Gilbert Aubry - évêque de La Réunion.