Cet art référencé au niveau mondial fait partie des 76 autres pratiques ou traditions du monde entier, référencé hier par une commission de l’Unesco.
L’organisme a « homologué » le Maloya, car il est un art en voie de disparition. Le sauvegarder au patrimoine mondial lui assure une pérennité.
La nouvelle devrait ravir les associations et autres mouvements de défense du Maloya. Les artistes locaux comme Firmin Viry ou Davy Sicard réclament depuis de nombreuses années, une plus grande reconnaissance de cet art musical.
« Réellement, le maloya existe depuis l’esclavage. Cette musique de l’île de La Réunion, mélodie réservée aux noirs et qui se jouait dans "l’obscurité", est une musique qui a permis aux esclaves de résister pour exister. C’était un outil fondamental pour garder l’espoir d’une future liberté.
Cette musique c’est une forme de complainte liant la douleur, la souffrance, la haine et la joie. Ils ne pouvaient pas chanter ouvertement car les conditions dans lesquelles ils évoluaient étaient proches de l’intenable, l’intolérable et l’insuportable.
Cette complainte exprimant les sentiments d’une population qui souffre dans les silence. Ils revenaient souvent, après une rude journée de travail, marqués par le fouet. Ils ne pouvaient s’exprimer qu’au sein de son milieu familial.
On ne peut pas considérer le maloya comme une musique, c’est un chant d’espoir, de douleur, une complainte avant tout. Le maloya a toujours été considéré par les pouvoirs coloniaux comme une danse et un chant nègres. Ces dictatures utilisaient cette expression à des fins de divertissement. En fait c’était pour montrer que les esclaves étaient heureux.
La domination coloniale utilisait aussi cette forme d’expression corporelle comme un moyen de dévalorisation de l’esclave. L’esprit du maloya est dans cet Entre-deux de nostalgie et d’espoir, de blues et de colère, d’humanitée volée et de bonheur possible.
Le maloya "pilé" est une complainte, un chant accessible à tous, fait pour la danse, festif, véhiculant des thèmes de la vie quotidienne à l’inverse du maloya "roulé" qui est lié à des pratiques rituelles d’influences malgaches.
Le maloya était chanté, véhiculé et transmis par la majorité des pauvres déracinés Malgaches, Africains, Indiens du temps de l’esclavage et des petits blancs pauvres. Les engagés indiens ("Malbar") du XIXe siècle ont joué aussi un rôle prépondérant dans la conservation du maloya en adoptant cette musique.
Pendant l’engagisme, le pouvoir colonial était toujours présent, ce qui veut dire que le maloya était toujours interdit. La chasse aux noirs sous toutes ses formes a toujours continué à se perpétuer. Malgré la répression, le maloya, moyen de résistance pour pouvoir assouvir l’existence, a continué de vivre dans certains milieux familiaux (anciens du Mozambique, Yanbane et Zanbèz).
Même pendant la départementalisation, cette forme d’émanation, traversant les siècles dans l’obscurité, était toujours interdite, étouffée et oppressée jusqu’en 1982, année de la reconnaissance officielle du 20 décembre 1848 comme date de l’abolition de l’esclavage dans l’île.