Le créole ne divise pas la société réunionnaise

LINFO.RE – créé le 1er.11.2009 à 11h56 – mis à jour le 28.06.2011 à 15h10 - La rédaction

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La semaine internationale créole est terminée. La réaction la plus notable est celle de Paul Vergès qui affirme, « le créole a été et est la source même de la création des Réunionnais, et cela dans tous les domaines ». 61% des personnes interrogées dans un sondage Ipsos sont favorables au créole à l’école en 2009 alors qu’elles n’étaient de 47 % il y a 9 ans. La société réunionnaise est elle en train de murir sur un sujet habituellement qui divise ?

Le Président de la Région Réunion, Paul Vergès, a souligné lors du colloque sur le créole et la diversité des langues régionales, le caractère spécifique de la situation réunionnaise : « Le problème de la langue est essentiel dans la construction de l’identité réunionnaise ».

Selon le rapport officiel du Conseil régional : « la spécificité de la situation réunionnaise s’explique par son histoire : l’histoire de La Réunion est d’un peu moins de 350 ans, l’île a bénéficié des apports culturels de femmes et d’hommes venant de nombreux pays, ce qui fait ainsi de La Réunion un exemple unique au monde. Et la langue créole a joué un rôle décisif dans la cohésion de la société réunionnaise, puisque, dès le début du peuplement, elle a permis à ces femmes et ces hommes venant de pays différents de communiquer : rapidement, ces femmes et ces hommes ont perdu leur langue maternelle, et la langue créole s’est affirmée. Elle a continué à jouer ce rôle, même pendant la période de la colonisation française, marquée par l’assimilation. Ce fut le mépris du créole, sa dévalorisation au profit de la langue dominante. Mais le créole a résisté : les Réunionnais ont continué à le parler. Dans cette construction, l’appui de la langue a été considérable : tous les éléments constitutifs de la culture réunionnaise ont été transmis dans l’oralité ».

Ce qui permet à Paul Vergès de noter : « Nous sommes tous des descendants d’étrangers, nous sommes tous des descendants d’immigrés, ce qui nous donne la plus grande des libertés pour la construction de notre identité ».

Pour dire cela, le Président de la Région s’appuie sur les deux grandes enquêtes de 2008 et 2009, les deux seules connues à ce jour, portant sur la lecture et l’écriture du créole. C’est l’institut Ipsos qui mène l’étude. Les conclusions sont importantes puisqu’elles laissent apparaître qu’il existe bien une demande sociale potentielle pour le créole à l’école. Ainsi au fil des entretiens menés par l’institut de sondage, 68% des personnes interrogées étaient favorables à ce que le créole soit utilisé pour mieux apprendre le français et 67% inscriraient leurs enfants dans une classe bilingue.

Pour la Région Réunion, « il est temps aujourd’hui de faire le point et de réfléchir tant au chemin parcouru qu’aux obstacles restant à franchir. La population scolaire recensée à la rentrée 2009 est l’équivalent de toute la population réunionnaise dans les années 40. A La Réunion, deux sociétés existent : l’une ayant un emploi, un revenu, un logement, la maîtrise de la langue française ; l’autre, près de 100.000 personnes sont privés d’emplois, souffrent d’illettrisme, n’ont pas un logement décent, et beaucoup vivent au-dessous du seuil de pauvreté. La non prise en compte de langue maternelle de cette partie de la population a empêché leur pleine intégration. » fin de citation.

L’équilibre ou l’égalité entre le créole et le français peut il être atteint ? Le Président de la Région l’appelle de son vœu : « il faut que l’on s’appuie sur l’un pour faire avancer l’autre ».Le but est d’atteindre un bilinguisme vivant, pratiqué par les 800.000 Réunionnais d’aujourd’hui et le million de Réunionnais de demain ». Et le sondage d’Ipsos semble laisser penser que cela est possible. Plus de 90% des personnes interrogées sont favorables à des cours de culture réunionnaise au collège ou au lycée, et 90% y inscriraient leurs enfants. De même que 90% sont favorables à des cours d’histoire réunionnaise au collège ou au lycée.

L’un des objectifs de la MCUR, musée du 21e siècle, fondé sur la reconnaissance de l’égalité des cultures, est que les Réunionnais doivent « assimiler » les autres cultures « sans se laisser assimiler ». Et Paul Vergès de conclure : « nous construisons une nouvelle humanité, nous avons la responsabilité de construire l’unité de La Réunion, à partir de l’héritage et de la prise en compte des changements fondamentaux que nous vivons ».

En effet 90% des réunionnais estiment que le bilinguisme est une richesse, 75% que des mots créoles se perdent et 76% que le créole est important pour le futur de leurs enfants et 85% qu’il leur sera utile.

En mai dernier La Région Réunion, la DRAC, l’université de Paris 8 et lantante tikouti ont financé un colloque sur la question orthographique du créole réunionnais. Il existe aujourd’hui 4 façon d’écrire la créole réunionnais : la graphie francisée (mois décemb’ ou li lé gadiamb’) ; lékritur 77 datant de 1977 (moi désanm, lilé gadianm) ; la « KWZ » de 1983 (mwa désanm, li lé gadyanm) et la Tangol de 2001 (moi désamn, lï lé gadianm).

Et l’opinion des Réunionnais sur les quatre écritures actuelles sont acceptables (au minimum pour la Tangol) à 61%, plaisent (au minimum pour KWZ) à 56%, font créole (au minimum pour le Tangol) à 66% et sont jolies (au minimum pour le Tangol) à 56%.

Du coup lofis la lang kréol la rényon cherche à connaître l’opinion des réunionnais sur l’écriture souhaitée. Vous pouvez donner ici votre avis que la rédaction de linfo.re transmettra à lofis.