Shenaz Adame Bagot est chef d’entreprise. Nommée madame Commerce de France par le Ministre des PME Renaud Dutreuil le 27 mars 2006 à Paris, elle défend le secteur du commerce qui emploi dans notre île 22% de l’emploi salarié.
Des commerces fermés à 17:00 pour des raisons religieuses c’est un handicap ?
Oui, tout à fait. Je me mets à la place d’un client qui travaille toute la journée dans l’administration et qui finit à 16:30 ou 17:00 et qui souhaiterait venir chez nous faire des achats. Si ce client à l’impression au moment où il arrive, qu’il dérange, il n’achètera pas. Il est clair qu’à partir de ce moment, il va aller en périphérie, d’où la désertification du centre ville.
Vous dites “vos achats sont nos emplois”, je vous réponds nos achats, c’est notre pouvoir d’achat, et il est en berne. Comment répliquer à cette équation ?
S’il n’y a pas d’activité, il n’y a pas de travail. Et s’il n’y a pas de travail il n’y a pas de revenu. Avec le pessimisme ambiant, qui est une réalité, le chaland n’a peut être pas envie de dépenser. Alors que peut-on faire ? Il est clair qu’on ne va pas vendre autant qu’avant, il faut arrêter de se faire des illusions. Par contre, il faut maintenir notre activité et être performant dans l’offre.
Faut-il baisser les marges bénéficiaires ?
Et bien oui. Si nous ne vendons pas, nous faisons des promotions pour écouler notre stock, que nous achetons en faisant des avances de trésorerie. Car nous sommes à 10 000 km de nos sources d’achat, et nous payons nos fournisseurs en avance. Ce qui se ressent dans la trésorerie.
Et vos prix restent compétitifs ?
Je fais le maximum pour que nous soyons le plus proche possible des prix de la métropole, sachant que je dois faire avec un coefficient d’approche qui rogne ma marge. Mais je fais le choix de partager avec le consommateur pour ne pas être trop éloigné du prix métropole.
En réduisant vos marges ?
Oui tout à fait. Il faut arrêter de rêver, de croire que subitement, il y aura un coup de baguette magique, que monsieur l’Etat va faire quelque chose, que Madame du Département fera pareil, ce n’est pas vrai. De toute les façons il faut tenir bon, faire très attention à nos dépenses aux niveaux des charges d’exploitation. La priorité étant de maintenir l’emploi dans nos activités, car derrière chaque employé il y a une famille. Maintenant nous sommes des chefs d’entreprise et nous avons des comptes à rendre.
La Réunion pourrait-elle devenir une destination shopping dans l’Océan Indien ?
Cela fait un moment que je travaille là dessus. Il existe toujours ce syndrome d’aller à Dubaï, Paris, Milan ou Maurice pour aller faire ses achats. Quand vous êtes commerçants et que vous avez investi pour moderniser votre exploitation, et que vous entendez certaines personnes, qui n’ont pas de problème de revenu, vous dire qu’elles iront faire leurs achat sur Internet ou à Paris après avoir essayé dans votre magasin, ça me rend folle. A quoi ça sert d’investir dans quelque chose de beau, et d’embaucher de la main d’œuvre, pour entendre ce genre de sornette.
“Je trouve cette initiative formidable d’innover et de créer une dynamique propre à ce secteur d’activité qu’est ce commerce. On entend le mot crise, qui désigne, être atteint par la maladie, qui prouve le pessimisme, et la morosité. Mais la crise c’est aussi une source d’opportunité. Un prix ça peut être parfois élevé, mais en même temps si cela pousse le distributeur à expliquer pourquoi c’est cher, en expliquant que derrière cela il y a de la qualité de service, c’est bénéfique et transparent. Dans le marketing on vous dit que derrière un prix il y a une qualité et un service.”
“Dans les années 1980, les clients ont fui les centres villes pour aller dans les centres commerciaux. Parce que c’était beau, jeune, joli, climatisé et aseptisé alors que la rue Maréchal Leclerc c’était la rue du grand bazar. Mais ce “bazar bordelique” s’est organisé pour attirer de nouveau le client. Et puis un commerce est un lien spécifique de rencontre, et à la Réunion on reçoit mal nos clients, et les villes restent sales.”
Mais même si l’achat est un exercice de rationalité, il ne faut pas oublier que c’est avant tout un acte émotionnel. Et on n’insiste pas assez sur ce choc émotionnel du client qui va regarder, choisir et acheter si l’ambiance est bonne.”
Oui, tout à fait. Je me mets à la place d’un client qui travaille toute la journée dans l’administration et qui finit à 16:30 ou 17:00 et qui souhaiterait venir chez nous faire des achats. Si ce client à l’impression au moment où il arrive, qu’il dérange, il n’achètera pas. Il est clair qu’à partir de ce moment, il va aller en périphérie, d’où la désertification du centre ville.
Vous dites “vos achats sont nos emplois”, je vous réponds nos achats, c’est notre pouvoir d’achat, et il est en berne. Comment répliquer à cette équation ?
S’il n’y a pas d’activité, il n’y a pas de travail. Et s’il n’y a pas de travail il n’y a pas de revenu. Avec le pessimisme ambiant, qui est une réalité, le chaland n’a peut être pas envie de dépenser. Alors que peut-on faire ? Il est clair qu’on ne va pas vendre autant qu’avant, il faut arrêter de se faire des illusions. Par contre, il faut maintenir notre activité et être performant dans l’offre.
Faut-il baisser les marges bénéficiaires ?
Et bien oui. Si nous ne vendons pas, nous faisons des promotions pour écouler notre stock, que nous achetons en faisant des avances de trésorerie. Car nous sommes à 10 000 km de nos sources d’achat, et nous payons nos fournisseurs en avance. Ce qui se ressent dans la trésorerie.
Et vos prix restent compétitifs ?
Je fais le maximum pour que nous soyons le plus proche possible des prix de la métropole, sachant que je dois faire avec un coefficient d’approche qui rogne ma marge. Mais je fais le choix de partager avec le consommateur pour ne pas être trop éloigné du prix métropole.
En réduisant vos marges ?
Oui tout à fait. Il faut arrêter de rêver, de croire que subitement, il y aura un coup de baguette magique, que monsieur l’Etat va faire quelque chose, que Madame du Département fera pareil, ce n’est pas vrai. De toute les façons il faut tenir bon, faire très attention à nos dépenses aux niveaux des charges d’exploitation. La priorité étant de maintenir l’emploi dans nos activités, car derrière chaque employé il y a une famille. Maintenant nous sommes des chefs d’entreprise et nous avons des comptes à rendre.
La Réunion pourrait-elle devenir une destination shopping dans l’Océan Indien ?
Cela fait un moment que je travaille là dessus. Il existe toujours ce syndrome d’aller à Dubaï, Paris, Milan ou Maurice pour aller faire ses achats. Quand vous êtes commerçants et que vous avez investi pour moderniser votre exploitation, et que vous entendez certaines personnes, qui n’ont pas de problème de revenu, vous dire qu’elles iront faire leurs achat sur Internet ou à Paris après avoir essayé dans votre magasin, ça me rend folle. A quoi ça sert d’investir dans quelque chose de beau, et d’embaucher de la main d’œuvre, pour entendre ce genre de sornette.
“Je trouve cette initiative formidable d’innover et de créer une dynamique propre à ce secteur d’activité qu’est ce commerce. On entend le mot crise, qui désigne, être atteint par la maladie, qui prouve le pessimisme, et la morosité. Mais la crise c’est aussi une source d’opportunité. Un prix ça peut être parfois élevé, mais en même temps si cela pousse le distributeur à expliquer pourquoi c’est cher, en expliquant que derrière cela il y a de la qualité de service, c’est bénéfique et transparent. Dans le marketing on vous dit que derrière un prix il y a une qualité et un service.”
“Dans les années 1980, les clients ont fui les centres villes pour aller dans les centres commerciaux. Parce que c’était beau, jeune, joli, climatisé et aseptisé alors que la rue Maréchal Leclerc c’était la rue du grand bazar. Mais ce “bazar bordelique” s’est organisé pour attirer de nouveau le client. Et puis un commerce est un lien spécifique de rencontre, et à la Réunion on reçoit mal nos clients, et les villes restent sales.”
Mais même si l’achat est un exercice de rationalité, il ne faut pas oublier que c’est avant tout un acte émotionnel. Et on n’insiste pas assez sur ce choc émotionnel du client qui va regarder, choisir et acheter si l’ambiance est bonne.”
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