Antenne Réunion
Depuis plusieurs semaines, le quartier de Dos d’Âne, situé à plus de 1000 mètres d’altitude à La Possession, est frappé par des coupures d’eau nocturnes répétées. Initialement prévues de 21h à 5h du matin, ces interruptions sont souvent prolongées, privant les habitants d’eau au réveil avant d’aller au travail ou à l’école. Une situation de plus en plus difficile à vivre pour les riverains, qui s’organisent pour faire entendre leur voix.
Dans les hauteurs de La Possession, l’eau se fait rare quand la nuit tombe. Officiellement, les coupures doivent s’étaler de 21 heures à 5 heures du matin. Mais dans les faits, l’eau tarde souvent à revenir le matin. Une mère de famille confie : « Ce vendredi matin, l’eau n’est arrivée qu’à 11 heures, alors qu’elle devrait être là dès 5h30. Tout le monde part au travail à cette heure là, les enfants à l’école, c’est pas évident. Depuis deux jours, il y a beaucoup de retard. On s’adapte car on n’a pas le choix non plus. On garde des stocks de bouteilles d’eau par exemple. » Une autre habitante ajoute : « Pour ceux qui se lèvent très tôt, comme mon mari à 4 heures le matin, il faut prévoir de l’eau à l’avance. »
À chaque coupure, l’eau redevient impropre à la consommation pendant plusieurs heures. Un rapport de l’ARS aurait déjà pointé la non-potabilité ponctuelle de l’eau dans certains foyers de La Possession. Les familles sont contraintes d’acheter régulièrement des bouteilles d’eau pour subvenir à leurs besoins.
La société en charge de la distribution des eaux (Société d’Economie Mixte à Opération Unique) justifie ces interruptions temporaires comme nécessaires pour assurer le remplissage des réservoirs. « Des coupures nocturnes sont mises en place sur Dos D’âne, de 21 heure à 5 heure (..) pour maintenir la distribution, nous utilisons actuellement une pompe de secours, moins puissante, ce qui rend nécessaires ces coupure nocturnes temporaires », précise l’agence.
La municipalité de La Possession a déjà mis en place certaines mesures d’urgence : les sanitaires de l’école Roland Jamin ont été raccordés à une citerne. Mais cette eau n’est pas potable et ne répond que partiellement aux besoins des enfants.
Du côté des habitants, l’inquiétude grandit. Sur la page Facebook « Les voisins de Dos d’Âne », les riverains partagent quotidiennement leurs difficultés, leurs témoignages et leurs propositions. Un collectif s’est constitué pour structurer la mobilisation. Il demande des solutions concrètes pour tous les foyers du secteur.
« On a proposé huit citernes réparties sur le secteur, ou des outils pour récupérer l’eau de pluie. On a aussi demandé deux livraisons d’eau potable pour les foyers », confie une habitante en charge de la mobilisation des riverains.
Une pétition a déjà recueilli 37 signatures et sera transmise lundi aux autorités compétentes. Le collectif souhaite organiser une rencontre avec la mairie, l’ARS et la société des eaux afin d’instaurer un dialogue direct entre les différentes parties prenantes.
« Il faut arrêter de se renvoyer la balle. On veut des solutions concrètes, et surtout comprendre comment ça fonctionne. » ajoute-t-elle.
Hier soir, pour la première fois depuis plusieurs jours, il n’y a pas eu de coupure. Un court répit pour les habitants, qui restent toutefois vigilants.
De son côté, la commune interpelle le Territoire de l’Ouest, compétent en matière de gestion de l’eau depuis 2020, pour qu’il fournisse au plus vite des dispositifs d’économie d’eau, des filtres, et un stock de bouteilles destinés aux foyers les plus impactés. Une demande de remise en service temporaire du forage de Grand Coin a également été adressée au Préfet.