La pauvreté et la ségrégation, c’est le revers du décor en Afrique du Sud. Ce quatrième reportage réalisé par les étudiants de la filière Info-Com montre que les inégalités n’ont toujours pas disparu, 18 ans après l’abolition du régime de l’apartheid.
L'année 1994 a marqué l'histoire de l'Afrique du Sud. Elle rime en effet avec l’abolition du régime de l'apartheid et l'accession au pouvoir de Nelson Mandela. Mais près de vingt ans après ce tournant historique, on constate que les mentalités doivent encore évoluer.
Interrogé, un Sud-Africain qui vit dans le bidonville de Langa, à quelques kilomètres du centre-ville du Cap, donne son point de vue sur le sujet : « On continue à chercher du travail chez les blancs, parce que toutes les entreprises leur appartiennent. »
Le formidable espoir, né après l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela, s'est transformé en désillusions pour beaucoup. L'apartheid a officiellement pris fin, mais des millions d’habitants, vivent encore dans des conditions difficiles.
Noka habite aussi dans le bidonville de Langa. La Sud-Africaine vit avec sa famille dans un abri en tôle, dépourvu de salle de bain, de toilettes, et de cuisine. Ici, on a recours au système D chaque jour. Les habitants du bidonville, noirs pour la plupart, ont été déportés durant l'apartheid, victimes de la loi de séparation des populations.
Aujourd'hui, le musée de District 6, situé au cœur de la ville du Cap, conserve les vestiges de cette politique de ségrégation. Au détour d'une allée, on peut voir des bancs typiques de l'époque. Sur quelques uns, on peut lire : « europeans only, seulement pour les blancs.
Chaque Sud-Africain garde en mémoire, la dureté de ce régime. Sally Cristini, Professeur blanche à la retraite raconte : "Ma mère a adopté un enfant noir. Je me souviens d'une de nos journées à la plage. Nous étions avec mon fils et son cousin. Tout d'un coup, un policier s'est adressé à notre groupe et a dit de manière très brutale à l'enfant noir : « vous n'avez pas le droit de rester ici, foutez le camp".
Des propos violents qui ont marqué l'enseignante jusqu'à aujourd'hui : « c'était vraiment horrible." L'apartheid, une séparation ethnique qui se ressent toujours en Afrique du Sud, et qui ne laisse pas indifférents les Réunionnais, installés dans le pays. Graziella Laude, Réunionnaise installée au Cap livre son point de vue : « Il y a un point dans les cœurs, il y a l’envie de dépasser tout ça ».
La situation évolue. Pourtant, l’apartheid a laissé de lourdes séquelles en Afrique du sud. S'il reconnait l'évolution de la situation, Fabian Jones, chauffeur de bus métissé, ne manque pas de relever les séquelles, laissées par l’apartheid : " Il y a des problèmes socio- économiques. Les adolescents ont des enfants à 15- 16 ans, parfois plus jeunes encore. C’est un cycle vicieux vous savez, et on n’en sort pas parce que quand tu as des enfants, tu dois travailler pour eux et tu ne peux plus étudier. Les gens sont désespérés ! "
L'apartheid est officiellement terminé depuis 1994. Pourtant , la réalité des Sud-Africains reflète toujours cette douloureuse période. Le niveau de vie en est le premier indicateur. Aujourd'hui encore, des populations noires ou colorées comme on les appelle ici, vivent dans des township de plusieurs dizaines de kilomètres. En parallèle, la population blanche occupe encore une place prépondérante dans le patronat sud africain.