L’Airbus A380 est un avion de ligne civil gros-porteur long-courrier quadriréacteur à double pont produit par Airbus, filiale d’EADS, construit principalement en Allemagne, Espagne, France et Royaume-Uni et assemblé à Toulouse.
Le programme A380, d’un coût total de 12 milliards d’euros, a été lancé au milieu des années 1990 sous le nom d’Airbus A3XX. Le premier vol a eu lieu le 27 avril 2005 à l’aéroport de Toulouse et le lancement commercial s’est déroulé le 25 octobre 2007 avec Singapore Airlines entre Singapour et Sydney.
Surnommé « Super Jumbo », l’A380 demeure le plus gros avion civil et il est, par ses dimensions peu communes, le troisième plus gros avion de l’histoire de l’aéronautique, après le Hughes H-4 Hercules et l’Antonov An-225. À titre d’exemple, le pont supérieur de l’A380 s’étend sur toute la longueur du fuselage, ce qui donne à la cabine 50 % de surface de plus que celle de son concurrent potentiel, le Boeing 747-400.
À l’origine, l’A380 était proposé en deux versions. L’A380-800, la version passager, peut transporter de 525 à 853 passagers suivant la configuration (3 classes standards ou classe économique unique).Quant à la version A380-800F cargo, peut emporter jusqu’à 150 tonnes de fret. En raison des problèmes d’industrialisation de l’A380-800 et des désistements des principaux clients, Airbus s’est résolu à suspendre le développement de la version cargo jusqu’en 2015, tout en continuant la prospection commerciale. L’A380-800 a une autonomie de 15 200 kilomètres, ce qui lui permet de voler de New York jusqu’à Hong Kong sans escale, à la vitesse de 900 km/h (Mach 0,85). Il existe aussi une version Prestige surnommée Flying Palace et destinée au marché des jets d’affaire.
Les premières esquisses d’un aéronef très gros porteur Airbus, capable de transporter plus de 800 passagers ont été réalisées au cours l’été 1988. Il existait déjà des très gros porteurs militaires, comme l’Antonov AN 124-225 (de taille comparable et de masse supérieure à celle de l’Airbus A380), mais aucun avion de transport civil de cette taille n’avait été conçu.
Cet ambitieux projet est resté un secret du département « technologie et développement de produits nouveaux » d’Airbus pendant deux ans et demi.
Ce n’est qu’au début des années 1990 qu’Airbus se mit officiellement à chercher un moyen de concurrencer Boeing et son 747 sur le marché des très gros porteurs. Airbus s’était déjà établi comme un sérieux concurrent sur le segment des petits et moyens porteurs et envisageait de s’attaquer au marché des appareils de 600 à 800 places.
Les constructeurs américains Boeing et McDonnell Douglas avaient également des projets de cette ampleur avec le Boeing New Large Airplane et le McDonnell Douglas MD-12, mais face aux coûts de développement que représente un tel projet, Daimler-Benz et British Aerospace, deux membres du consortium, ont poussé Airbus à accepter une étude jointe proposée par Boeing sur la faisabilité d’un super gros porteur, connu sous le nom de « Very Large Commercial Transport ».
Car les deux constructeurs savaient qu’il n’y avait pas de place pour deux appareils sur une telle niche de marché, comme l’avait montré le lancement simultané du L-1011 de Lockheed et du DC-10 de McDonnell Douglas qui avait conduit Lockheed à cesser la production d’avions civils.
En juillet 1995, lorsque cette enquête de deux ans et demi fut terminée, Boeing et Airbus décidèrent de ne pas construire un appareil ensemble. Le coût du développement d’un super gros porteur était évalué par Boeing entre 12 et 15 milliards de dollars, et par Airbus à 8 milliards. À posteriori, l’évaluation de Boeing semblait meilleure puisque le coût effectif du développement officiel de l’A380 est de 18,6 milliards de dollars (12 milliards d’euros).
Boeing estimait que le marché potentiel des très gros porteurs n’était pas suffisamment important pour justifier un tel investissement, et préférait développer des versions dérivées de son 747. C’est d’ailleurs exactement ce qu’a fait ensuite le constructeur américain.
De nombreux responsables d’Airbus étaient persuadés que Boeing n’avait aucune envie de lancer un tel projet avec son principal concurrent et que l’échec de cette enquête commune n’était qu’un leurre pour permettre au constructeur américain de conserver la suprématie avec ses 747. C’était une mauvaise interprétation puisque Boeing est effectivement resté sur le marché des gros porteurs avec son 747-400 sorti en 1989 et a laissé à Airbus le marché des très gros porteurs. Le désintérêt de Boeing pour un développement commun d’un très gros porteur était bien économique et non pas stratégique.
Lorsque Airbus apprend en 1996 que Boeing va lancer un projet de 747 agrandi, la division « très gros porteur » est immédiatement créée et le constructeur européen décide de lancer son propre projet. En réalité, Boeing ne lançait pas de projet de 747 « très gros porteur » mais évaluait seulement la demande du marché pour des avions intermédiaires entre le gros porteur type 747-400 et le très gros porteur que voulait Airbus. Cet objectif raisonnable réduisait l’investissement à « seulement » 5 milliards de dollars.
Le projet du super gros porteur d’Airbus a débuté fin 1995 et fut baptisé Airbus A3XX. À partir d’avril 1996, Airbus noue contact avec des compagnies susceptibles d’être intéressées par le gros porteur de Boeing pour discuter de l’hypothèse d’un avion de plus de 500 places. Le constructeur reçoit des réponses très positives.
En 1997, Boeing abandonne l’étude des 747-500 et 747-600 faute d’un intérêt suffisant de la part des compagnies aériennes. En 2000, Boeing proposera encore deux projets de 747 agrandis aux compagnies aériennes, les modestes 747X et 747X stretch mais là encore, les projets ne seront pas entrepris, la demande étant jugée insuffisante. Que Boeing qui avait l’exclusivité effective du marché des gros porteurs et un savoir faire unique de 30 ans dans ce domaine ait renoncé à produire un concurrent à l’A380 indiquait soit que le constructeur américain faisait une erreur stratégique historique, soit que le marché potentiel ne permettrait pas une rentabilité satisfaisante pour lui et encore moins pour Airbus qui n’avait à cette époque que la maîtrise des petits et des moyens porteurs. Ron Woodard, le président de Boeing, indiquait avec clairvoyance qu’il était « difficile d’imaginer qu’Airbus puisse développer un avion totalement nouveau pour un investissement de 8 milliards de dollars ».
Le désintérêt réel de Boeing pour les très gros porteurs sème le doute chez certains partenaires d’Airbus, le souvenir du Concorde, avion extraordinaire jamais égalé en performances mais aux pertes abyssales est encore très présent. La division « très gros porteur » continue d’affirmer la rentabilité du projet.