Le centre de soins Kélonia établit un triste constat. Les tortues avalent de plus en plus de plastique. Selon les chercheurs réunionnais, les quantités ingérées sont multipliées par trois, notamment en provenance d’Asie du Sud Est et de Chine principalement.
Depuis 2007, Kélonia s’occupe et prend soin des tortues pêchées accidentellement ou victimes de collision avec des bateaux. Dès leur prise en charge, les soigneurs ont un rituel bien précis. "À chaque fois qu’une tortue arrive au centre de soins, on prépare une barquette en plastique à son nom et donc au fur et à mesure que les morceaux de plastique sont récupérés dans son bassin, ils vont rejoindre la partie qui correspond à cette tortue", précise Stéphane Ciccione, le directeur de Kélonia.
Les tortues marines ingèrent régulièrement des produits plastiques présents dans la mer. "À la fois désolé et en colère de voir qu’on arrive pas à limiter ces rejets de plastique. Il y a de plus en plus de plastiques qui sont consommés, de plus en plus de plastiques qui sont malheureusement jetés dans la nature", déplore l’homme. Ce dernier ajoute : "Les filières de recyclage sont très très peu utilisées et tout ça finit dans les océans".
Dans chaque barquette se trouve du plastique sous toutes ses formes récupéré dans les excréments ou après la mort d’une tortue. Margot Thibault est doctorante en biologie marine. La jeune femme étudie l’évolution d’une des cinq soupes de plastique du monde, celle de l’Océan Indien. Après plusieurs mois à analyser le contenu des barquettes, son constat est alarmant. "Une tortue Caouanne ramenée à Kélonia, elle ingère en moyenne 50 particules de plastique. Ce ratio ne fait qu’augmenter depuis 2007. En 2007, on était à 17% de tortues qui avaient ingéré du plastique. A contrario, en 2021, on est à 93% de tortues qui ont ingéré du plastique", indique Margaux Thibault, doctorante au laboratoire UMR Enthropie - The Ocean Clean Up.
Le plastique ingéré provient majoritairement d’Asie du Sud Est. Outre l’étude de la composition de cette soupe de plastiques qui se déplace, l’objectif est surtout d’agir, notamment en identifiant les marques retrouvées dans l’eau pour les contacter et les sensibiliser.
La prochaine étape pour Margaux : une campagne de prélèvement entre Madagascar et l’Australie pour établir une carte des mouvements du plastique dans l’Océan.