Ce lundi 12 mai marque la Journée internationale des infirmières. À cette occasion, portrait de Manuella Boyer, une mère de famille de 43 ans qui a réalisé son rêve en décrochant son diplôme d’infirmière à l’âge de 40 ans, après avoir enchaîné divers emplois depuis ses 18 ans.
– Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je m’appelle Manuella Boyer, j’ai 43 ans et je suis maman d’un garçon, Evan, qui a 20 ans. J’ai grandi dans une famille très modeste, dans un petit quartier de l’Étang-Salé. J’ai commencé à travailler à 18 ans, d’abord comme caissière, puis j’ai exercé différents métiers au fil des années.
– Pourquoi avoir choisi de devenir infirmière à 40 ans ?
J’ai toujours rêvé de faire ce métier, mais à l’époque, ma famille n’en avait pas les moyens. J’ai préféré travailler jeune pour aider les miens et ne pas être une charge.
En 2015, j’ai accompagné mon père atteint d’un cancer. J’étais présente pour ses soins et ses séances de chimiothérapie. Un jour, alors que je lui faisais les ongles dans sa chambre d’hôpital, un infirmier lui a dit en plaisantant qu’il avait de la chance. Mon père m’a regardée et m’a dit : « Tu aurais dû devenir infirmière, ma fille. » Je lui ai répondu que j’étais trop âgée, et il m’a lancé : « Il n’est jamais trop tard. »
Il est malheureusement décédé la même année. C’est ce moment qui a été le déclic : je me suis inscrite au concours. J’ai réussi l’écrit, mais l’oral a été un vrai défi à cause du stress. Finalement, j’ai été admise à l’école, et j’ai obtenu mon diplôme le jour de mes 40 ans. Un magnifique cadeau d’anniversaire. Ce jour-là, j’ai eu une pensée très forte pour mon papa.
– Est-ce une passion pour vous ?
Je ne dirais pas que c’est une passion. Pour moi, la passion peut parfois faire perdre la raison. C’est un vrai choix de vie, une voie dans laquelle je savais que je pouvais m’épanouir, et je ne me suis pas trompée. Cela dit, il faut vraiment aimer ce métier, car sinon, on ne tient pas.
Quand je soigne mes patients, c’est comme si je prenais soin de mon père. Je reste professionnelle, bienveillante et rigoureuse. Si un jour je ne peux plus exercer ce métier avec amour, j’espère que Dieu me donnera la lucidité d’arrêter.
– Quel est votre quotidien ? Quels en sont les avantages et les inconvénients ?
Je suis infirmière libérale, donc mes journées commencent très tôt, c’est l’un des inconvénients. Je réalise des soins variés : contrôle de la glycémie, injections d’insuline, pansements, traitements par voie veineuse, etc.
L’accueil des patients et des familles est souvent très chaleureux. On entre parfois dans leur intimité, des liens se créent. Nous ne sommes pas des robots. La plus belle récompense, c’est un sourire, un merci, ou une petite attention. À ces moments-là, je me dis que j’ai bien fait mon travail.
– Quel message souhaiteriez-vous faire passer à ceux et celles qui veulent devenir infirmiers/infirmières ?
Je leur dirais de ne jamais baisser les bras. Quand on veut, on peut. Il ne faut pas se laisser décourager par les autres. Pendant les stages, certaines personnes peuvent être dures, voire malveillantes, mais il faut tenir bon. C’est un métier exigeant, qui demande des sacrifices, mais qui en vaut vraiment la peine.
– Un mot pour conclure ?
Oui, un petit coucou à ma maman Calixte ! Et un grand merci à tout le personnel soignant, peu importe leur fonction ou leur lieu de travail. Ils font un travail extraordinaire, autant pour les malades que pour leurs familles.