Grand reporter depuis plus de trente ans maintenant, la Réunionnaise Mémona Hintermann exprime sa fierté d’intégrer le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. A travers sa nomination, l’enfant du péi veut mettre en avant son île et ses racines.
Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris votre nomination ?
Mémona Hintermann : Le téléphone a sonné et j’ai entendu la voix de Jean-Pierre Bel (le président du Sénat). J’étais évidemment interloquée. Je savais que j’étais dans les tuyaux comme on dit. Mais je me disais qu’il y a peu de chances, pas pour une question de compétences, mais parce que je ne suis pas dans les réseaux.
Je suis une journaliste indépendante et je suis connue pour cela. Je ne passe pas mon temps à faire du "pistonnage" à droite et à gauche. La divine surprise c’est qu’il y a encore un peu de place pour les enfants de la République comme moi.
Plus de trente ans de carrière et la couverture des plus grands conflits dans le monde entier. C’est un atout déterminant pour intégrer le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ?
Je pense que c’est mon parcours de créole, de "batard zarab" de La Réunion, de yab du Tampon, ça et le fait d’avoir réussi à sortir la tête de l’eau, d’avoir traversé le monde entier, dans des conditions parfois périlleuses qui expliquent ma nomination à ce poste.
Je suis sûre que le président du Sénat Jean-Pierre Bel a voulu envoyer un message fort à ceux qui habitent Ravine des Cafres, Bourbier les Hauts, Tampon ou ailleurs et qui croient qu’ils ne pourront pas y arriver car ils sont issus de milieux modestes.
Je veux faire comprendre que l’école m’a sauvée. Les enseignants se sont donnés un mal de chien pour nous donner les enseignements de la République. Les enfants de la République qui n’ont aucun moyen, qui se battent pour s’en sortir ont autant de chances d’y arriver. Ce mérite là, personne ne peut me l’enlever.
Quels sont les dossiers qui vous attendent ?
Je ne sais pas encore exactement sur quoi je vais plancher. Je sais que je peux être performante sur les questions de l’Outre-Mer, sur les dossiers qui concernent la déontologie de l’image. J’ai une vraie expérience de terrain, pas seulement sur les pays en guerre.
A la veille de votre prise de fonctions, dans quel état d’esprit êtes vous ?
Je me sens comme quand j’avais 22 ans et que j’allais en reportage à Ilet à Cordes ou au port de la Pointe des Galets. C’est l’envie d’apprendre qui m’anime. L’envie d’être utile surtout. Croyez moi, je ne serai pas une potiche. Je veux que les choses avancent et je veux pouvoir me regarder dans la glace et mi ve pas do moun La Réunion i moukate a moin si mi fé pas rien.