Aujourd’hui vous tirez la sonnette d’alarme sur l’emploi à la Réunion. Cela coïncide avec votre rentrée sociale…Pourquoi plus maintenant qu’hier ?
Tout simplement parce que la situation n’a jamais été aussi critique. Les licenciements à la Réunion vont continuer de plus belle. Le plus gros est devant nous. D’ici la fin de l’année, nous serons à 9000 personnes au chômage dans le secteur du BTP. Au total, nous allons bientôt dépasser les 10000 chômeurs supplémentaires toutes filières confondues. Rien que dans l’automobile et la moto, il y a déjà eu plus de 500 suppressions de postes.
Vous faites preuve d’un réel pessimisme ? Pourquoi ?
Tout simplement parce que nos décideurs locaux ferment les yeux sur la réelle situation de détresse des Réunionnais. Ils ne parlent que de développement durable, d’économie d’énergie… Pensez vous que cela représente les préoccupations quotidiennes des réunionnais ? L’extension de l’accord régional sur les salaires est bottée en touche par tous les dirigeants. Maintenant c’est au tour des agriculteurs de dire au COSPAR que leur branche n’est pas concernée par cet accord…Où allons nous ?
Le RSTA peut-il aider les salariés à tenir bon pendant la crise ?
Quel RSTA ? Vous parlez de qui ? des 25% de bénéficiaires qui ont pu se faire enregistrer ? Clairement la responsabilité de l’Etat est engagée dans ce flop. Nous on ne veut pas savoir si les dossiers sont bien remplis ou pas. C’est au Gouvernement de mettre en œuvre les moyens pour recenser et mieux aiguiller les ayant droits.
Voyons un peu de sérieux ! Certains dossiers ont visiblement été refusés car la couleur de l’encre n’est pas la bonne… Parce que les écritures débordent des cases…Etc
Quant il le faut, l’Etat sait mettre en place des mesures infiniment plus compliquées pour venir en aide aux banques et vous allez me faire croire qu’il bloque sur des formulaires ?
Quelles mesures urgentes préconisez vous ?
Nous n’avons pas de recette miracle ni de baguette magique. À défaut de prendre le mal à la racine, il faut accompagner au mieux ceux qui subissent en ce moment même la crise. Nous demandons la mise en place d’une cellule de crise où bien entendu, les syndicats seraient partie prenante.
Elle permettrait d’aider, d’aiguiller de conseiller tous ceux qui viennent de perdre leur emploi. Comment l’Etat va-t-il gérer tous ces nouveaux demandeurs d’emploi ? Il faudrait pourquoi pas remettre en place les congés solidarité. Créer une mutualisation des moyens. Mettre en place des commissions de validation de l’expérience professionnelle… Notre intersyndicale se réunie demain pour discuter de tout cela. L’avenir s’annonce sombre…