L’INSEE a publié un rapport dans lequel il est stipulé qu’en 2021, à La Réunion, les décès augmentent nettement par rapport à 2019, avant la crise sanitaire. Ainsi, 5 750 personnes résidant sur l’île décèdent, soit 690 de plus qu’en 2019. Cette hausse du nombre de décès ne concerne que des personnes des 65 ans ou plus. Le nombre de naissances croît de manière significative en 2021 : 13 470 bébés de mères domiciliées sur l’île sont nés, soit 300 de plus qu’en 2020.
La population de La Réunion est estimée à 868 800 personnes au 1er janvier 2022 [Insee, janvier 2022]. Sur la période récente, entre 2013 et 2019, elle croît en moyenne de 4 400 habitants par an (+ 0,5 % par an) [Sui-Seng, 2021]. Sa croissance est légèrement supérieure à celle de la France métropolitaine, mais nettement plus faible que par le passé : + 1,8 % par an entre 1990 et 1999 et + 1,4 % par an entre 1999 et 2010. En effet, le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, est moins élevé qu’au cours des deux décennies précédentes et le solde migratoire est devenu déficitaire [Seguin et Touzet, 2022].
Sur la période récente, la croissance de la population de l’île repose uniquement sur celle du solde naturel. De 2019 à 2021, une forte hausse du nombre de décès En 2021, 5 750 personnes domiciliées à La Réunion sont décédées. Le nombre de décès augmente de façon notable par rapport à 2019, avant la crise sanitaire : + 690 décès, soit + 13,5 % après + 1,8 % entre 2019 et 2020 et + 1,0 % entre 2018 et 2019. Cette hausse importante s’explique d’abord par la poursuite du vieillissement de la population : les générations nombreuses du baby-boom des années 1950 arrivent depuis quelques années à des âges plus élevés, où la mortalité est plus forte. De fait, les décès se situent maintenant à un niveau élevé en comparaison de la décennie 1990 (3 400 décès par an en moyenne). Elle est amplifiée en 2021 par le contexte de crises épidémiques, de Covid-19 et à un degré moindre de dengue.
La hausse des décès en 2021 à La Réunion est supérieure à celle observée dans l’Hexagone (+ 7,5 %), où l’impact de l’épidémie de la Covid-19 sur les décès a été beaucoup plus fort en 2020 qu’en 2021. Les décès augmentent bien plus fortement dans les autres départements et régions d’Outre-mer : entre + 30 % (en Martinique) et + 47 % (à Mayotte) par rapport à 2019. Selon les données de l’Agence régionale de santé de La Réunion, sans compter les décès de personnes concernées par une évacuation sanitaire vers La Réunion et qui n’y résidaient donc pas avant leur décès, environ 330 décès survenus en 2021 à l’hôpital à La Réunion concernent des personnes positives au Covid-19 (après environ 40 en 2020). Une grande partie d’entre elles étaient fragiles puisqu’elles souffraient de comorbidités (diabète, maladie cardiovasculaire, etc.).
Ainsi, parmi les décès dont le certificat faisait mention à la Covid-19 entre mars 2020 et février 2022 à La Réunion, une autre cause était indiquée pour 55 % d’entre eux [Santé publique France , février 2022]. En outre, en 2021, 30 décès sont attribués à la dengue. Cette croissance des décès est plus marquée au deuxième trimestre et au mois d’août, au moment des vagues épidémiques qui ont touché La Réunion : c’est à ces deux périodes que le nombre de décès attribués au Covid-19 a été le plus important en 2021.
Comme au niveau national, la hausse de la mortalité touche uniquement les populations âgées de 65 ans ou plus. Les décès augmentent le plus fortement pour les 75 ans ou plus (+ 20 %). Avec 510 décès de plus qu’en 2019, cette tranche d’âge concentre les trois quarts de la hausse des décès sur l’île entre 2019 et 2021. Pour les 60-74 ans, la hausse des décès est moins forte (+ 17 %, soit 160 décès de plus qu’en 2019). Comme au niveau national, le nombre de décès de personnes de moins de 50 ans est quasiment stable par rapport à 2019. Contrairement au niveau national, la hausse des décès à La Réunion en 2021 est plus marquée pour les femmes (+ 19 % par rapport à 2019) que pour les hommes (+ 9 %). Les hommes demeurent malgré tout majoritaires parmi les personnes décédées (54 % d’entre elles).
En 2021, à La Réunion, l’espérance de vie à la naissance est de 83,4 ans pour les femmes et de 76,7 ans pour les hommes. Du fait du surcroît de mortalité lié notamment à la pandémie de Covid-19, les femmes perdent 1,1 an d’espérance de vie par rapport à 2019 et les hommes 0,6 an. Les années précédant la pandémie, de 2010 à 2019, l’espérance de vie avait augmenté d’environ deux ans pour les femmes comme pour les hommes. En métropole, l’espérance de vie augmente légèrement en 2021, mais cette hausse ne suffit pas à compenser le recul important intervenu en 2020 en lien avec la pandémie de Covid-19. L’espérance de vie y reste plus élevée qu’à La Réunion, de 2,7 ans pour les hommes et de 2,1 ans pour les femmes.
En 2021, 13 470 enfants sont nés de mères domiciliées à La Réunion, soit 300 de plus qu’en 2020 (+ 2,5 %). Cette hausse rompt avec la baisse quasi-continue des naissances de 2008 à 2019. Au niveau national, le nombre de naissances augmente en 2021 (+ 0,7 %), ce qui ne compense pas la forte diminution de l’année précédente (- 2,4 %). Comme au niveau national, après un net recul du nombre de naissances au premier trimestre 2021, un rebond important intervient au second semestre. En particulier, les naissances augmentent de 9 % au dernier trimestre par rapport à la même période en 2020. En 2021, l’augmentation du nombre de décès est supérieure à celle des naissances. En conséquence, le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, diminue cette année encore et s’élève à + 7 730 en 2021, soit le niveau le plus faible depuis 1951 (figure 1). Malgré la natalité qui reste dynamique et le recul ponctuel de l’espérance de vie en 2021, la population réunionnaise vieillit : en 2022, 20,1 % des habitants ont 60 ans ou plus, contre 13,2 % dix ans plus tôt (figure 2). La population de l’île reste cependant jeune par rapport à celle de l’Hexagone et des Antilles. Ainsi, les moins de 20 ans forment 29 % des habitants de l’île et sont encore près de 1,5 fois plus nombreux que les seniors. En métropole, les seniors sont un peu plus nombreux que les jeunes (27 % de la population contre 23 %).