Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de La Réunion Ibrahim Patel était invité sur le plateau du Journal Télévisé d’Antenne Réunion ce samedi. Il a évoqué les émeutes qui secouent notre île depuis le début de la semaine et qui font du tort aux entreprises locales. Les pillages et les saccages des commerces se chiffrent à plusieurs millions d’euros de pertes selon Ibrahim Patel.
Ces mesures (annoncées par le Préfet), la majorité des protagonistes les considèrent comme une avancée. Insuffisant selon les manifestants. est-ce qu’on ne pouvait pas faire mieux ?
Je pense que c’est une avancée significative parce sue n’oublions pas que jusqu’à cette table ronde, il y a eu zéro centime à la pompe. Cette réunion a permis aujourd’hui de sortir 8 centimes pour le gasoil et 8 centimes pour le sans plomb et la Chambre participe à hauteur de 2 centimes. Mais nous n’arrêtons pas là. Vous savez, il y a encore d’autres réunions, d’autres tables rondes qui nous permettra avec l’ensemble des collectivités de voir si on peut faire mieux.
Ca veut dire que ce n’est pas figé ?
Rien n’est figé. Nous sommes parti sur les carburants, nous sommes arrivés aujourd’hui sur la cherté de la vie. 40 produits ont été proposés, rien n’est figé non plus sur les 40 produits. Donc le dialogue doit s’installer.
Quel est le bilan de ces quatre nuits de violences ?
Je dirais que c’est un moment triste pour l’économie réunionnaise parce que n’oublions pas que l’économie réunionnaise comme l’économie mondiale est quand même très fragilisée. Aujourd’hui ces émeutes malheureusement ont causé des dégâts considérables et importants chez des entreprises que ce soit dans le centre-ville ou en périphérie. On peut parler aujourd’hui d’un chiffrage qui dépasse carrément les millions.
Vous qui êtes allez à la rencontre des commerçants du Port ce matin sur le terrain. Quelles sont leurs attentes ?
Ils sont inquiets, découragés. Il y en a même qui disent qu’aujourd’hui nous voulons fermer. Il y en a qui disent que nous ne savons pas comment nous allons aujourd’hui pouvoir remettre notre activité en état de marche. Et il y en a aussi qui se retrouvent avec des employés qu’ils ont été obligés de mettre au chômage. Il faut savoir c’est quand même une inquiétude parce que quand on parle de la population, n’oublions pas que les entreprises réunionnaises sont les plus gros employeurs de La Réunion. Tous ces milliers de personnes qui travaillent dans ces entreprises sont issus de la population. Donc je dis ne rajoutons pas la souffrance à la souffrance.
Comment se relever ? Cette question on l’a beaucoup entendue, est-ce que vous avez la réponse ce soir ?
Sincèrement, je comprends l’inquiétude de la population. Apporter une réponse sur une réunion de travail c’est quand même assez difficile.
Il y a quand même ce guichet unique ?
Aujourd’hui au niveau des entreprises on a mis en place un guichet unique qui était activé dès vendredi. Ce guichet unique va permettre aujourd’hui à l’ensemble des entreprises concernées de se rapprocher des Maisons de l’entreprise sur les quatre micro régions, l’Ouest, le Nord, le Sud et l’Est. Ce guichet unique va permettre un étalement sur toute la partie au niveau des impôts. On a l’accord de la Direction des Finances Publiques. Le RSI va s’intégrer à ce guichet unique et on pourrait aussi intervenir sur les cotisations du RSI et sur une prise en charge financière.
Quelle est votre lecture sur le fait que les policiers se soient positionnés devant les grandes surfaces uniquement ?
Ce n’est pas une question de mauvaise ou de bonne lecture. Si on regarde aujourd’hui, les centres-villes ont été aussi touchés que les grandes surfaces.
Les petits détaillants ont quand même étaient plus touchés.
Très touchés. Sur le Port ce sont les petits détaillants qui ont été touchés. Je pense aujourd’hui que la sécurité sur l’ensemble du département et non sur des secteurs bien ciblés.
Est-ce qu’on a les moyens d’intervenir aussi pour la protection des petits détaillants et non plus uniquement pour les grandes surfaces ?
Si on regarde ce qui s’est passé à Saint-Pierre, à Saint-Louis, ou au Port c’est des centres-villes, donc on doit apporter une protection sans discrimination à l’ensemble des villes qui sont touchées à La Réunion.
Quelle va être la suite des événements ?
Moi j’espère que le calme va l’emporter, le dialogue va l’emporter. N’oublions pas que les tables rondes ont tendance à continuer. Mardi on reprend la table ronde sur les produits alimentaires. Ce week end le Préfet va mener une réflexion avec la grande distribution, quels sont les produits qu’il faudrait arrêter pour mardi et quels sont le pourcentage qui pourrait être arrêté pour la baisse des produits. Aujourd’hui il y a une avancée positive. On a avancé sur le gasoil, on a commencé à avancer sur les produits alimentaires de première nécessité. Aujourd’hui ne restons pas là, allons continuer à dialoguer, à faire avancer les choses et ensemble avec tout le monde et dans le calme. Je pense qu’on arrivera à un résultat beaucoup plus important.
Retrouvez dans la vidéo jointe l’intégralité de l’interview d’Ibrahim Patel.