Le Centre d’Accueil Universel installé au Moufia distribuera 300 fioles d’une huile dite bénite le 12 juin prochain. Dans la publicité vantant cette opération dans le journal le Quotidien, cette huile aurait des multiples pouvoirs. Guérir les maladies, surmonter les difficultés sentimentales ou même trouver un travail, tout semble possible avec l’utilisation de cette huile "consacrée à Jérusalem". Invitées à réserver, les personnes auront accès gratuitement au précieux liquide. Mais les promesses faites par le CAU et le discours tenu font étrangement écho aux manoeuvres d’embrigadement usitées par les sectes, comme pointe l’édition du JIR de ce jeudi.
Simple hangar blanc surmonté d’une croix, le Centre d’Accueil Universel situé au Moufia est officiellement une simple maison pour prier et se recueillir ouverte à tous. Si tel est réellement le cas, la distribution d’huile bénite aux vertus miraculeuses organisée le 12 juin prochain peut avoir de quoi surprendre. Plus surprenant encore, les pouvoirs qui lui sont associés dans la publicité parue hier dans le Quotidien.
"Guérison de toutes les maladies, qu’elles soient personnelles, familiales", "Avoir une famille unie, avoir l’amour, cesser les disputes et les violences", "rembourser les dettes, trouver un emploi et gagner une stabilité financière", "vaincre la toxicomanie, l’alcoolisme ou la dépendance aux jeux" : selon la publicité, l’onction de cette huile ferait des merveilles. Un message somme toute difficile à croire et qui suscite des interrogations. Estampillée gratuite selon la réclame, un numéro de téléphone est noté pour "réserver".
Afin de connaître plus précisément de quoi il en retourne, nous avons composé ce matin le numéro indiqué. Prétextant une maladie, une journaliste de la rédaction a cherché à en savoir plus. Au bout du fil, un pasteur nous répond. D’emblée, il nous recommande de ne pas arrêter le suivi médical.
"Ce n’est pas l’huile qui va vous guérir mais la foi", assène t-il, tout en nous expliquant qu’il a réussi à guérir son bronchite asthamatique grâce à cette huile prodigieuse. L’église c’est la dernière porte que j’ai poussé, je ne croyais plus à rien", confie t-il. Ensuite son discours s’articule autour de deux idées maîtresses. L’huile à elle seule ne guérit pas mais "elle est le point de contact" entre Dieu et le malade. Mais, étrangement, pas nécessaire d’être chrétien selon le pasteur. "Qu’importe si vous êtes chrétien, boudhiste ou tamoule (..) Jésus ça ne l’intéresse pas, est ce que vous croyez ou pas en lui c’est cela qui l’intéresse, et si vous avez envie de faire le changement dans votre vie".
"Nous avons déboursé 500 euros pour cette publicité, donc on ne s’amuse pas à jouer avec les gens", précise t-il tout en soulignant que pour la première fois, le centre d’accueil a décidé de promouvoir son action via les médias. Si l’interlocuteur souligne la gratuité de l’huile soi-disant miraculeuse, il prend le soin de prendre notre nom et de savoir si nous viendrons accompagné le 12 juin prochain, prenant également en note le nom de la seconde personne. Tout en glissant subrepticement "Si jamais quelqu’un autour de vous est intéressé, dites lui de nous appeller avant".
Distribution de tracts dans les boîtes aux lettres, porte à porte chez les habitants du Moufia, l’énergie déployés par les membres du CAU frôle le prosélytisme. Le CAU n’a fait l’objet d’aucune alerte concernant d’éventuelles dérives sectaires. Mais l’évêché de la Réunion, cité par le JIR, se montre circonspect sur cette organisme affirmant que la démarche même de publicité met le doute la sincérité, le principe est même jugé "inadmissible" pour Msgr Aubry. "Il ne faut pas que les chrétiens se laissent piéger par cette histoire là (..) ça sent l’arnaque", met en garde Monseigneur Aubry.
D’autant que comme le souligne le Journal de l’Ile d’aujourd’hui, cette façon de procéder et l’identité du pasteur renvoient aux techniques usitées par une puissante secte d’origine brésilienne "La pieuvre". Huile prodigieuse ou stratagème douteux pour convertir des âmes fragiles, cette opération séduction suscite des interrogations.