Les réactions politiques s’enchaînent après la mort de Jacques Vergès, avocat controversé. Thierry Robert salue la mémoire d’un "grand avocat et écrivain" et Didier Robert celle d’un "avocat engagé".
L’avocat Jacques Vergès est décédé hier à l’âge de 88 ans d’une crise cardiaque. Parmi ses clients : Slobodan Milosevic - dictateur yougoslave, Georges Ibrahim - activiste libanais, Klaus Barbie - criminel de guerre nazi, ou encore Kieu Samphan - ancien dirigeant Khmer Rouge.
Aussi talentueux que controversé, Jacques Vergès ne laisse personne indifférent. Thierry Robert, députée-maire de Saint-Leu, "adresse mes sincères condoléances à Monsieur Paul Vergès ainsi qu’à ses proches. Tous, nous reconnaissons le grand avocat et l’écrivain qui, tout au long de sa vie, a eu pour conviction que chaque personne, quel que soit la faute commise, devait avoir droit à un procès juste et équitable. Aujourd’hui, je tiens plus particulièrement à rendre hommage à la mémoire d’un Réunionnais, qui n’a jamais oublié ses racines, et qui a su utiliser ses richesses culturelles multiples pour se construire et rayonner à travers le monde".
Quant à Didier Robert, président de Région, il salue la mémoire d’un "avocat engagé pour des causes sensibles au niveau national et international, des causes que je n’ai pas toujours partagées, mais qui font de Jacques Vergès un des hommes forts du monde des avocats".
Nassimah Dindar - présidente du Conseil Général - parle quant à elle d’un "grand avocat, au talent immense reconnu par l’ensemble de ses pairs. Il fut aussi un avocat courageux, accordant le droit d’être défendus même à ceux qu’il avait combattus, et un avocat de conviction, au service notamment des causes anti-colonialistes". Elle ajoute que "La Réunion, mais au-delà, la France tout entière perd un grand homme" et "adresse mes plus sincères condoléances à la famille, et notamment à son frère, Paul, et à son neveu, Pierre que j’assure de mon entier soutien".
Pour Huguette Bello - députée-maire de Saint-Paul - Jacques Vergès était un "brillantissime avocat du Barreau de Paris, Jacques Vergès s’est nourri de combats, de controverses et de mystère". Elle adresse ses "sincères condoléances à Paul Vergès, à sa famille, à ses proches à tous ceux qu’affecte cette disparition".
L’Alliance rend hommage aussi à l’avocat disparu et en parle comme d’un homme qui a "personnifié pour des millions de femmes et d’hommes partout dans le monde, la défense des plus faibles, des opprimés, des sans voix, et des peuples en lutte pour leur liberté". L’Alliance ajoute que "Jacques Vergès a porté très haut le sens des valeurs de justice, et l’honneur du métier d’avocat, considérant que tout personne humaine a le droit d’être défendu. C’était un homme pleinement engagé qui a mené des combats au péril de sa vie. C’est une personne d’une envergure exceptionnelle qui nous quitte. Sa grande érudition était reconnue de tous".
Dans un communiqué, la ville du Port parle d’un "grand homme"et d’un Réunionnais " qui s’est notamment illustré comme un anticolonialiste et un résistant actif, a été une figure incontournable sur le plan international".
La ville ajoute par ailleurs : "Célèbre avocat, il s’est distingué par la stratégie dite de "défense de la rupture". Face à ses nombreux détracteurs, il maniait avec talent l’ironie et excellait dans l’art de la rhétorique. "Avocat du diable", "avocat des indéfendables", "avocat de la terreur"... Les formules médiatiques utilisées pour le désigner ne manquaient pas. A cela, il répondait en se qualifiant lui même de "salaud lumineux", histoire de ne laisser à ses "adversaires" ni le privilège du maniement dialectique ni le monopole de la formule inédite. Son parcours sera marqué par un engagement indéfectible pour les grandes causes du 20ème siècle. Il restera fidèle jusqu’au bout à sa ligne de conduite, dénonçant sans relâche les "bien-pensants" et les "hypocrites" qui s’accommodent de l’ordre établi et ferment les yeux sur des crimes commis notamment au nom du colonialisme".
Dans un communiqué, Victorin Lurel - ministre des Outre-mer - exprime ses "condoléances les plus émues et les plus sincères" au sénateur Paul Vergès. Le ministre rappelle que Jacques Vergès était "à la fois un combattant de la France Libre, une figure du barreau, un militant engagé et une fierté pour mes ultra-marins" et que "son action restera, indubitablement, inscrite dans nos mémoires".