Jacques Vergès, surnommé "l’avocat de la terreur", est mort à 88 ans. Personnage aux méthodes controversées pour les uns, avocat talentueux et hors-norme pour les autres, il ne laisse personne indifférent.
Jacques Vergès laisse derrière lui un héritage certain tant dans le domaine judiciaire qu’en tant qu’écrivains. "Avocat du diable", "avocat de la terreur", "avocat des indéfendables"...les surnoms ne manquaient pas pour qualifier Jacques Vergès qui a marqué indéniablement l’histoire judiciaire tant au niveau national qu’international.
Parmi ses clients, : Slobodan Milosevic - dictateur yougoslave, Georges Ibrahim - activiste libanais, Klaus Barbie - criminel de guerre nazi, ou encore Kieu Samphan - ancien dirigeant Khmer Rouge. Jacques Vergès avait même déclaré qu’il aurait défendu Adolf Hitler.
Aussi talentueux que controversé, il révolutionne la plaidoirie en instaurant la "défense de rupture". La défense de rupture se définit comme la stratégie judiciaire consistant à jouer l’opinion publique contre l’institution de la Justice.
Si son talent d’avocat est reconnu, son goût pour la provocation est souvent critiquée. Jacques Vergès à la personnalité complexe ne laisse personne indifférent tant chez ses adversaires que ses admirateurs.
Au lendemain de sa mort, les messages d’hommage affluent. Pour Thierry Robert - député-maire de Saint-Leu, c’est un "grand avocat et écrivain" alors que pour Huguette Bello - députée-maire de Saint-Paul, c’est "un brillantissime avocat qui s’est nourri de combats, de controverse et de mystère". Didier Robert - président de la Région Réunion, parle d’un "avocat engagé pour des causes sensibles" et Nassimah Dindar - présidente du Conseil Général , voit en lui "un grand avocat, au talent immense". Le Parti Communiste Réunionnais reconnaît en Jacques Vergès un "acteur éminent des luttes anticoloniales" et salue la mémoire "et l’oeuvre d’un homme d’exception".
Dans la profession, il suscitait autant la fascination qu’il était craint et critisqué pour le choix de ses clients notamment. Me Rémi Boniface, ami de longue date du défunt, lui a rendu un vibrant hommage sur le plateau du Journal Télévisé d’Antenne Réunion.
"Je vois chez cet homme une puissance, une conscience et une intelligence hors du commun...un discernement pour mettre le doigt là où il le faut pour défendre la personne qui l’a choisi, lui, pour avocat. C’est un très grand monsieur hors du commun. Un genre de cousin de Victor Hugo, c’est-à-dire un homme d’une très grande élégance de plume et d’expression au service d’un message au contenu très fort et d’un temps un peu révolu".
La personnalité et la vie de Jacques Vergès ne laisse personne indifférent. Il aura marqué d’une empreinte l’histoire judiciaire française, mais également celle de La Réunion.