Ils représentent la douleur d’une époque et le devoir de mémoire, des crânes d’esclaves réunionnais font actuellement l’objet d’une demande de restitution de la part de plusieurs associations. Ces ossements sont actuellement conservés au musée de l’Homme à Paris, ils font partie de l’histoire de notre département. Les acteurs associatifs les réclament pour un futur musée de l’esclavage.
Ils sont plusieurs centaines, peut-être plus, des crânes et bustes d’esclaves Réunionnais sont conservés depuis plus de deux siècles dans les réserves du musée de l’Homme à Paris. Prélevés au XIX siècle à l’hôpital colonial de Saint-Denis, aucun consentement ni sépulture ne leur a jamais été conféré. Une blessure encore vive pour de nombreux habitants.
"Ces vestiges doivent revenir à La Réunion. Nous avons des jeunes qui arrivent et qui ne connaissent pas leur histoire. Il est temps aujourd’hui de réparer ces injustices".
Aujourd’hui la demande est unanime, ces restes doivent revenir sur leur terre natale. Depuis fin 2023, le département s’est plongé dans le dossier. Ce patrimoine prendrait place au sein de la nouvelle aile du musée de Villèle. "Nous savons qu’ils existent, nous les avons vus, ils sont entreposés. La première étape de ce travail en commun est de nous documenter. C’est à partir de cette somme de connaissance que nous allons pouvoir raconter l’histoire de ces personnes. Ce retour doit être très soigné et s’effectuer dans la plus grande dignité".
Au total, plus de 178 associations sont contre le fait de rapatrier les morts oubliés pour les exposer dans un musée, selon elles, leur offrir une sépulture est plus digne. "On refuse totalement que cela soit fait sur le domaine de la personne qui a représenté l’esclavage ici à La Réunion".
Pour sa part, le député Frédéric Maillot réclame également la restitution de ces ossements. "C’est une découverte majeure qui marque l’histoire de La Réunion parce que l’histoire n’a pas révélé tous ses secrets. Retrouver ces ossements et les ramener à La Réunion, retrouver ce reste d’humanité qui a été enlevé à l’époque de l’esclavage, c’est leur redonner un peu d’humanité. Il faut réfléchir avec les associations pour que ce retour se fasse dans de bonnes conditions. Il ne faut pas négliger l’aspect spirituel de ce retour".
L’enjeu est aussi juridique, car la loi actuelle permet la restitution aux pays étrangers, mais pas aux territoires d’outre-mer. "On peut passer par la loi Marion, une loi-cadre qui n’est pas encore votée et qui n’est pas à l’ordre du jour. La deuxième possibilité est que le président de la République nous prête ces collections, dans ce cas on pourrait les exposer, mais la propriété resterait à Paris", explique la députée Karine Lebon.
À ce jour, le projet ne fait pas consensus. Les élus, les associations et l’État peinent à se mettre d’accord. Certains plaident pour une sépulture au sein d’un lieu emblématique, tandis que d’autres espèrent voir une exposition au sein du musée de Villèle. Il s’agit ici définir l’endroit exact, les modalités de restitution et convaincre l’État d’agir.