Le gouvernement propose de mettre en place dès le mois de novembre des évaluations des enfants scolarisés en maternelle, afin de déterminer s’ils sont "à risque" ou "à haute risque" d’échec scolaire. Très décrié, ce projet a provoqué une levée de boucliers au sein du milieu éducatif. De nombreux parents et syndicats dénoncent un processus de stigmatisation et expliquent que ces évaluations relèvent du domaine médical.
Le projet n’est pas entré en application mais il fait déjà polémique. Le Gouvernement propose en effet de mettre en place un nouveau dispositif d’évaluations en maternelle. Les enfants âgés de cinq ans devront se prêter à une série de tests. Il s’agirait pour le Gouvernement d’évaluer les marmailles au niveau de leur comportement en classe, du langage, de la motricité et de la conscience phonologique. Les parents interrogés ce matin se disaient stupéfaits et quelque peu choqués par cette annonce : "Cela reviendrait à hypothéquer l’avenir de nos enfants", jugeait un père venu accompagner son enfant.
Ces évaluations controversées doivent permettre de déterminer quels sont les élèves "RAS" (rien à signaler), "à risque" et "à haut risque". Le terme "risque" interpelle les adultes et suscite l’inquiétude : certains parents estiment en effet qu’il est "impossible de dire si un marmaille de cinq ans sera en échec scolaire". Interrogée ce mardi, une maman estimait pour sa part qu’un " enfant peut très bien avoir des lacunes au début de scolarité et se rattraper par la suite".
Les parents redoutent que leurs marmailles soient exclus avec ce nouveau dispositif. Le Secrétaire général du SE-UNSA Jean-François Rialhe affirme avoir eu connaissance de cette proposition d’évaluation "la semaine dernière par voie de presse, sans jamais avoir été concerté au préalable".
Le syndicat a lancé une pétition et espère que le projet sera avorté. Selon Jean-François Rialhe, "les enseignants de maternelle évaluent leurs élèves sur le plan pédagogique. L’évaluation dont il est aujourd’hui question relève plus du domaine médical". Et le délégué syndical de poursuivre : "Jusque là, cette partie était assurée par les médecins scolaires qui sont de moins en moins nombreux". Jean-François Rialhe explique aussi que " la maternelle n’est pas obligatoire et que l’enfant doit avant tout se sentir dans un climat de travail et de réussite".
Les syndicats opposés à ce projet craignent que la mise en place des ces évaluations en maternelle génère un "stress supplémentaire pour les parents et soit contre-productif pour les enfants". Jean-Odel Oumana, vice-président départemental de la FCPE livre son analyse : " c’est une stigmatisation, un fichage. Les enseignants ont du mal à terminer le programme. Pourquoi leur confier une nouvelle mission qui ne relève pas de leur compétence ?" s’interroge le délégué syndical.
Le Gouvernement semble faire marche arrière. Les évaluations pourraient ne pas être obligatoires. Qu’en est-il à l’académie de la Réunion ? Interrogé ce lundi, l’Inspecteur de l’académie et adjoint au recteur de la Réunion indiquait que ce type d’évaluation existe depuis 2009 et "qu’il ne s’agit en aucun cas de trier,d e classer les élèves". Selon Bernard ZIer, ce dispositif vise à " dépister les éventuelles difficultés des élèves mais aucune donnée statistique ne sera produite".