Les bars et les discothèques ayant fermé pour de bon, ceux qui avaient l’habitude de s’y rendre trouvent un exutoire dans les fêtes illégales. Encore faut-il des amateurs de musique pour mixer dans de telles soirées. C’est justement le cas de Matthieu*, DJ depuis 7 ans à La Réunion.
Ce DJ réunionnais a été sollicité plusieurs fois pour "mixer" dans des soirées illégales.
Il raconte son quotidien depuis la crise de la Covid-19.
Le principe de la fête illégale est simple : un ou plusieurs organisateurs lancent des invitations par message, sur les réseaux sociaux ou simplement du bouche à oreille. L’objectif est de rassembler du monde. Une fois le groupe constitué, le lieu est donné : les fêtes peuvent se dérouler chez des particuliers ou dans des lieux laissés à l’abandon.
Les soirées illégales sont devenues monnaie courante sur l’île, notamment dans l’Ouest. Si elles ne sont pas spécifiquement interdites dans la loi, l’amende pour "tapage nocturne" ou "mise en danger de la vie d’autrui" peut quand même tomber si les forces de l’ordre interviennent.
Pour Matthieu*, c’est le bouche à oreille qui a tout fait : "ce sont des gens extérieurs qui ont entendu, qui ont entendu, qui ont entendu, et on a fait appel à moi". Lorsqu’ils étaient nombreux, le DJ a parfois été rémunéré jusqu’à 400€ la soirée. Selon lui, le prix varie aussi en fonction du matériel nécessaire.
La difficulté pour rouvrir les boîtes, c’est que ce sont des espaces clos. Or, les médecins sont formels : la transmission du virus y est plus forte.
Pendant l’été 2020, certaines boites se sont même reconverties en bar. Sur les pistes de danse, tables et chaises avaient été installées. Une demande de dérogation pour se reconvertir en boîte devait être déposée à la préfecture et renouvelée tous les 15 jours.
Aujourd’hui, même cette possibilité a été écartée. Un gros coup dur pour les DJ qui jouaient encore dans ces "boites/bars". Ne pouvant plus exercer, certains se sont donc tournés vers l’organisation de soirées illégales.
"L’avenir des DJ à La Réunion est très incertain, il n’y a plus de boîtes de nuit et les soirées sont illégales. [...] Certains se sont reconvertis dans les ’sunset’, les soirées dans les bars lorsqu’ils étaient ouverts, mais ça reste très complexe de vivre uniquement de sa passion" conclut Matthieu*.
Pour le moment, la réouverture des boîtes n’est pas prévue.