Hier à Natnes, Daisy et Marie Bénédicte se sont enfin retrouvées après 55 ans de séparation. Suite au décès brutal de ses parents biologiques dans les années 60 à La Réunion, Marie Benedicte qui avait seulement 9 mois à l’époque, a été adoptée. Ses 3 grandes sœurs sont placées en foyer. Comme plus de 2000 enfants réunionnais, seronts envoyées dans la Creuse.
« Je suis heureuse mais très stressée. Je ne sais pas quelle va être ma réaction », déclare Daisy avant la rencontre avec sa soeur.
Sur le quai d’une gare en métropole, Daisy est impatiente de rencontrer sa soeur, Bénédicte. Elles ont été arrachées de La Réunion dans les années 60 après la mort de leurs parents. Elles se retrouvent enfin après 55 ans.
À l’époque elles sont trois soeurs. L’ainée reste à La Réunion, les deux autres partent en métropole alors qu’elles n’ont que 9 et 11 ans, elles essaient de garder contact malgré la distance sauf pour la plus jeune des soeurs. Agée seulement de 9 mois, elle ignore l’existence de ses deux grandes ainées.
Grâce au travail d’un généalogiste, Daisy a pu retrouver la trace de sa petite soeur il y a deux mois malgré les difficultés administratives.
« On ne va jamais rattraper 55 ans, ce n’est pas possible. Quand on est jeune on peut s’amuser ensemble et on peut partager des moments inoubliables. Voilà ce que l’État français a fait », affirme Daisy.
La petite soeur, Bénédicte a toujours pensé qu’on l’avait abandonnée à sa naissance. Elle ne ressentait pas le besoin de rechercher son passé. Elle ne savait pas qu’elle faisait partie des enfants de la Creuse jusqu’à un coup de téléphone. Au début, elle pensait à un canular mais les tests ADN prouveront un lien de parenté.
« Le 24 février 1965, c’est la seule journée où j’ai pensé qu’une femme m’avait mise au monde que je ne connais pas. Tout à l’heure quand j’ai vu le portrait de ma mère, j’étais vraiment émue », déclare Bénédicte avec émotion.
Des milliers de familles sont aussi brisées comme celle de Daisy et Bénédicte. Au total, plus de 2000 enfants sont concernés. Aujourd’hui se retrouver est un véritable chemin de croix pour ses frères et soeurs déracinés de leur île.
« Il faut que ce soit la personne qui a été adoptée qui puisse faire des recherches auprès des services sociaux. Il faut que la personne sache également qu’elle a été adoptée et être un enfant de la Creuse. »
Après une décennie, les deux soeurs apprennent à se connaître.