À La Réunion, en 2016, 76 % des 256 000 personnes en emploi sont natives de l’île.
Les Réunionnais, comme les Antillais, travaillent plus souvent qu’ailleurs dans leur région natale. En métropole, hors Île-deFrance, seules 65 % des personnes en emploi exercent dans leur région de naissance.
L’éloignement géographique de l’île contribue sans doute à freiner les départs vers la France hexagonale, que ce soit pour des questions de coût ou d’attachement à sa région natale et à ses proches.
Toutefois, les natifs forment une part croissante des cadres travaillant à La Réunion : en 1990, seuls 33 % d’entre eux étaient nés sur l’île. En 25 ans, le nombre de cadres natifs a ainsi été multiplié par quatre, passant de 3 700 en 1990 à 14 500 en 2016.
L’évolution du marché du travail est favorable aux cadres, avec les besoins accrus de l’économie réunionnaise en main d’œuvre qualifiée. Ils occupent dorénavant 12 % des emplois contre 8 % en 1990. Entre 2011 et 2016, chaque année, 800 cadres supplémentaires sont en emploi sur l’île : 69 % d’entre eux y sont nés, contre 45 % entre 1990 et 1999.
Le niveau de formation des natifs s’est fortement élevé depuis 1990 et explique qu’ils accèdent de plus en plus souvent à des emplois de cadre. En 2016, parmi les habitants de La Réunion qui ont terminé leurs études avec un diplôme supérieur au bac, 58 % sont nés sur l’île, contre seulement 40 % en 1990. Leur nombre a ainsi considérablement augmenté sur la période : de 7 500 à 60 000. Disposer d’un niveau de diplôme élevé accroît les chances d’être cadre : 80 % des cadres réunionnais ont un diplôme supérieur au bac. Cependant, les natifs ne sont pas majoritaires parmi les habitants les plus diplômés : à partir du master, il n’y a plus que 46 % de natifs en 2017.
À La Réunion, les natifs sont désormais aussi nombreux qu’en province parmi les titulaires d’un diplôme supérieur au bac. En revanche,ils sont encore davantage aux Antilles (66 % contre 58 %), même si l’écart s’est réduit depuis 1990.
Être cadre revêt plusieurs formes : chef ou cadre d’entreprise, professeur et profession scientifique, cadre de la fonction publique ou encore profession libérale.
Au sein des chefs d’entreprise de dix salariés ou plus et des cadres d’entreprise, 5 100 personnes sont nées à La Réunion. Les natifs sont maintenant majoritaires : 51 % contre 37 % en 1990. Les natifs sont notamment nombreux (plus de 1 000) parmi les chefs d’entreprise : six sur dix sont nés sur l’île, une part stable depuis 1990. Ensuite, parmi les cadres administratifs et commerciaux, 2 700 personnes sont nées à La Réunion. Les natifs sont désormais majoritaires en 2016 (38 % en 1990). Enfin, 43 % des cadres techniques comme les ingénieurs sont des natifs, soit 1400 personnes (22 % en 1990).
Les natifs constituent aussi 41 % des professeurs et des professions scientifiques en 2016, contre 30 % en 1990. Parmi ces 4 300 natifs, 80 % sont professeurs. La quasi totalité des enseignants supplémentaires depuis 2006 sont des natifs. Le concours de professeur des écoles garantit en effet un premier poste dans l’académie de réussite du concours. En outre, les natifs bénéficient de priorités dans l’Éducation nationale pour être affectés dans leur territoire de naissance. Hors enseignants, 59 % des cadres de la fonction publique sont des natifs (soit 3 000 personnes), contre 33 % en 1990. Cette forte hausse s’explique notamment par la montée en puissance de la fonction publique territoriale suite aux différentes lois de décentralisation promulguées depuis 1982. Or les trois quarts des cadres des collectivitésn locales sont des natifs : ils sont 1 700 cadres en 2016 contre 600 en 1990.
Avec seulement 1400 cadres, les natifs sont en revanche peu nombreux parmi les professions libérales. Depuis 25 ans, seules un tiers des personnes exerçant une telle activité sont nées à La Réunion. Moins diplômés des filières longues, les natifs sont notamment peu nombreux dans les professions médicales : 19 % des médecins et dentistes libéraux de l’île.
En 2016, au sein des cadres, 5 800 « hauts responsables » sont en poste à La Réunion. Il s’agit de dirigeants, professionnels et experts de haut niveau. Parmi eux, 34 % sont nés sur l’île, soit 1 950 personnes. Cette part a augmenté depuis 1999 (28 %), en lien avec l’augmentation des natifs parmi l’ensemble des cadres. Mais elle reste nettement moindre que dans les régions de province (46 %) et aux Antilles (44 %). L’élévation plus récente du niveau de formation des Réunionnais explique là aussi la persistance de cet écart. Les postes de cadre à fortes responsabilités requièrent en effet une qualification élevée : trois quarts des hauts responsables en France ont au moins un master en 2017. Ils requièrent aussi une expérience qu’il faut plusieurs années à acquérir après la sortie de ses études. La nouvelle génération de cadres réunionnais cumule ces atouts : les natifs occupent ainsi 64 % des hauts postes supplémentaires entre 2011 et 2016 à La Réunion contre 37 % entre 1999 et 2006.
En plus des 1950 natifs hauts responsables en poste à La Réunion, 1 200 autres natifs occupent ce type de fonctions ailleurs en France en 2016. Au total, seulement 1,2 % des natifs de l’île en emploi occupent un poste à fortes responsabilités, qu’ils travaillent sur l’île ou ailleurs en France. Les natifs des Drom sont d’ailleurs les moins bien représentés dans cette « élite » française. Outre l’éloignement géographique de l’Hexagone ou l’accès à des postes de hauts responsables à l’étranger, notamment dans leur bassin géographique proche, les natifs de La Réunion comptent surtout moins de hauts diplômés dans leurs rangs, comme les autres Drom. Parmi toutes les personnes en âge de travailler nées à La Réunion et vivant en France, seules 5 % justifient au moins d’un master en 2017 contre 7 % et 11 % de celles nées respectivement aux Antilles
et en province.
À La Réunion comme ailleurs, les femmes accèdent davantage au statut de cadre que par le passé. Plus de 6300 femmes nées sur l’île y occupent un emploi de cadre en 2016, contre 1200 en 1990. Parmi les cadres né·es et travaillant sur l’île, 44 % sont des femmes
contre 33 % en 1990.
Cette progression est cohérente avec le fait que les natives sont depuis longtemps majoritaires parmi les plus diplômé·es. En 1990, elles représentaient déjà 53 % de l’ensemble des personnes nées et résidant à La Réunion avec un diplôme supérieur au bac, et 59 % en 2016. Elles restent même majoritaires parmi les diplômé·es d’un master et au-delà (55 %). Pour autant, elles accèdent nettement moins souvent que les hommes aux emplois les plus qualifiés : 38 % des natifs et natives occupant des postes à fortes responsabilités sont des femmes.
À La Réunion, plus de la moitié des professeur·es né·es et travaillant sur l’île sont des femmes en 2016, notamment des professeures des écoles. Sur les autres postes de la fonction publique, elles restent minoritaires parmi les cadres mais la progression est forte depuis 1990 : 45 % de femmes parmi les natifs et natives, contre 26 % en 1990. Le constat est le même au sein des professions libérales.
En entreprise, l’intégration des natives est contrastée, mais progresse partout. Si la parité est observée parmi les cadres administratif·ives et commerciaux·ales, en revanche seulement 25 % des chef·fes d’entreprise et 19 % des cadres techniques né·es à La Réunion sont des natives.
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