Depuis le début de l’année, quatre femmes réunionnaises sont mortes sous les coups de leur compagnon. S’il est essentiel d’accompagner et d’aider les victimes de violences conjugales, soigner et écouter les auteurs de ces actes terribles est également déterminant pour tenter d’enrayer ce phénomène. La structure de l’AFPDS a été créée en 2007 dans ce but.
Depuis la création de l’AFPDS en 2007, 436 hommes violents ont suivi le programme de cette structure visant à éviter la récidive. Le nombre d’auteurs de violence pris en charge a doublé la première année : une cinquantaine d’hommes reçus en 2007, une centaine en 2008 et 2009. En 2010, une légère baisse a été observée due principalement au changement d’officier de police judiciaire.
Ecouter et comprendre leurs actes est la première étape. Les groupes de parole permettent aux auteurs de violence de se confier, de se reconnaître dans les expériences des autres. Dans une salle de Bois d’Olives ce matin, un homme raconte l’histoire de son couple. Un soir, sa compagne et lui boivent beaucoup d’alcool. Une dispute éclate entre eux car la jeune femme veut prendre le volant alors qu’elle est ivre. L’altercation dérape alors : "Je l’ai poussé, bousculé et elle a dévalé la pente", raconte t-il. Puis c’est une femme qui témoigne. Son mari a frappé à plusieurs reprises son enfant, mais prétend ne pas se rappeler qu’il a été violent.
Dans le cercle, Luciano écoute attentivement les témoignages. Repenti, il joue le rôle de personne ressource. Il y a trois ans, alors qu’il ne s’était jamais montré agressif, il découvre que sa compagne lui a été infidèle. Excédé et blessé, il frappe alors sa femme. Un geste dicté par un coup de colère, qu’il qualifie de "pétage de plomb". "J’étais violent, je le regrette très sincèrement", confie-t-il, encore bouleversé quand il raconte son histoire. Pour lui, il est nécessaire de suivre en parallèle les victimes et les auteurs de violence.
Les cas de récidive interviennent bien souvent lorsque l’auteur de violence ressent de la frustration et de la colère. L’objectif principal des actions menées au sein de l’association c’est d’éviter que ce terrible scénario ne se répète. Pour cela les hommes doivent travailler sur trois axes fondamentaux : reconnaître leurs erreurs, demander pardon et réparer ses erreurs.
Parmi les 436 personnes passées par cette structure, certaines sont revenues pour éviter de commettre l’irréparable. Un premier pas dans la lutte contre la violence faites aux femmes. Mais il reste encore beaucoup à faire, notamment multiplier ce type d’organisme, car l’AFPDS est l’unique du genre en Europe.