Finalement le procès en appel de Monsieur Perrera s’achève ce vendredi 28 octobre. Cette deuxième journée débute avec la fin de l’audition de l’accusé, ses proches et se conclue avec les plaidoiries des avocates.
« Je suis contente d’avoir une partie civile avec moi. Ce 20 juin 2016, je sortais d’audience et j’allais à mon cabinet. Je voyais les policiers installer des rubalises, une barquette à terre, du pain et du sang. La victime avait déjà été évacuée. On me dit que c’est Madame M. Ah bon ? Oui. J’ai été glacée. Je la connais depuis 2008. »
Il est 14h lorsque l’avocate de la partie civile maître Moissonier commence sa plaidoirie avec ces mots.
Les 11 jurés sont concentrés et pour une fois l’accusé ne s’est pas levé dans son box. Il reste assis accompagné de son carnet de notes…de son propre procès. « En 2008, j’avais assisté madame M. Huit ans après ça se passe quasiment à la même heure. J’espère que dans sept ans, il n’y aura pas la même chose. Elle a échappé à la mort. Elle a survécu car des gens se sont interposés. »
Ces gens, ce seront des témoins entendus pendant l’enquête. Ces gens, « ils mentent » ne cesse de clamer pendant tout le procès l’accusé. Ces gens, « ne seront pas auditionnés plus d’une heure », plaident les avocates de la défense.
Pendant deux jours, l’état mental de Monsieur Perrera est questionné. Est-ce que lors du passage à l’acte il était responsable ? Est-ce qu’il l’avait prémédité ?
« Quand on est délirant on ne minimise pas les faits. (…) Il explique lors de l’attaque : Je voulais tenter qu’elle arrête de manipuler mon fils », rappelle dans son réquisitoire l’avocate générale.
En effet, dans une lettre de 12 pages envoyée aux magistrats, le gramoune écrit : « Je veux dire au monde le crime que la mère de mon fils a commis. »
Depuis plus de trente ans, il ne cesse de clamer cela. Il dit même pendant sa prise de parole qu’ « elle vampirise son fils » au sens propre du terme.
La dernière expertise psychiatrique date de 2013. L’accusé a refusé les nouvelles en vue de son procès. C’est au tour de ses avocates de le défendre.
Maître Canu-Bernard, s’avance à la barre et lance à la cour : « Vous êtes sa dernière chance. » Avec sa consœur Maître Lowenstein, elles pointent les erreurs de procédure, le fait qu’il n’y ait aucun élément pour prouver la préméditation ou encore qu’il était venu pour la tuer. L’une d’elle évoque le dernier souhait de l’accusé : « aller voir la mer avant de mourir. »
Le silence est de marbre dans la salle d’audience. La victime, elle, se recroqueville sur sa chaise. Vêtue d’une jupe bleue à fleur et d’un t-shirt jaune, la gramoune de 77 ans sort un mouchoir et des larmes coulent sur ses joues.
« Est-ce qu’on peut permettre à Madame M. de vivre en sécurité et Monsieur Perrera d’aller voir la mer ? », conclue Agnès Lowenstein.
Après deux jours d’audience et trois heures trente de plaidoiries, le dernier mot est pour l’accusé. Il se lève, affiche un grand sourire et prend la parole. « Je suis féministe. » La salle ne comprend pas cet élan. « Mes avocates sont très fortes. » Puis relance sa musique en reparlant de son divorce, de la garde de son fils lorsqu’il était jeune.
Encore une fois, Monsieur Perrera est bloqué dans le temps, il y a plus de 40 ans lors de son divorce. Séparation jamais supportée.
Sur ces mots la cour part délibérer.
Il est 20h30. Après trois heures de délibéré le verdict tombe. Monsieur Perrera est condamné à 20 ans de prison. Il a cinq jours pour se pourvoir en cassation.
Carla BUCERO-LANZI