Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats des éleveurs et agriculteurs, fait le point sur sa visite à La Réunion.
"Il y a trois enjeux : celui de la représentativité des syndicats, celui politique pour mener le développement de l’agriculture réunionnaise et aussi financier parce que le financement du syndicalisme agricole est au pro-rata des résultats aux élections des chambres d’agriculteurs."
"Les démarches sont très souvent compliquées lors des aléas climatiques ou lors du phénomène d’impossibilité de commercialiser à cause des blocages. Ce sont les responsables de la FDSEA, son président Frédéric Vienne, qui a pris les choses en main pour mettre au contact les administrations et les politiques pour dénouer le problème et trouver des solutions avec les agriculteurs."
"J’ai à plusieurs reprises entendu des agriculteurs dire que les formalités sont trop compliquées et qu’ils préfèrent renoncer au soutien plutôt que de remplir des tonnes de papier. C’est quelque chose qui est typique de notre pays, même en métropole. Mais accompagner les agriculteurs, les aider dans leurs démarches, va nous permettre d’accéder à des soutiens pour rebondir lorsqu’il y a ces crises climatiques et économiques parfois extrêmement difficiles et qui peuvent les mettre dans des difficultés majeures."
"Plusieurs éléments expliquent la baisse du cheptel bovin : la construction des bâtiments agricoles coûte beaucoup plus cher, j’ai pu mesurer que cela pouvait être jusqu’à 50% plus élevé qu’en métropole. Il y a aussi une difficulté de climat, très chaud, qui rend les choses difficiles. Il y a aussi probablement un manque de culture et d’intérêt des jeunes pour ces métiers d’élevage. Il faut montrer qu’il y a des possibilités d’autant que sur le marché, il y a des marchés à saisir. Les agriculteurs ne produisent que 40% des porcs qui sont consommés ici. C’est encore moins dans d’autres productions. C’est une invitation pour les jeunes agriculteurs qui veulent devenir éleveurs, de se tourner vers la Chambre d’Agriculture et de chercher des solutions. Les fonds européens existent, il faut monter les dossiers et accompagner. Il faut produire localement parce que les Réunionnais veulent plus consommer local aujourd’hui. Les producteurs sont en capacité de produire cette alimentation réunionnaise."
"Il faut parler des réussites. J’étais entourée de jeunes agriculteurs très dynamiques, mordus de leur métier, très moderne dans leur façon d’appréhender leur travail, que ce soit la production ou la commercialisation. Ce sont des jeunes qui quand on les côtoie, donnent envie de devenir agriculteur. Ils faut qu’ils aillent témoigner dans les lycées. En plus, l’agriculture manque de bras. Des agriculteurs d’ananas m’ont dit : je n’ai pas d’ouvrier, je ne trouve pas de salarié. On a d’un côté des gens qui trouvent pas de travail et de l’autre côté des entrepreneurs qui manquent de bras. Il faut arriver à reconnecter ces deux mondes."
"La FNSEA est le seul syndicat avec une femme présidente. Nous avons 35% d’actifs qui sont des femmes, c’est 17% à La Réunion. Nous avons sur les listes 30% de femmes. On voit émerger de jeunes femmes qui prennent des dossiers qui sont sérieuses, consciencieuses et c’est une vraie richesse d’avoir une mixité sur les listes électorales."