Le chikungunya ne touche pas que la santé, après les écoles et les restaurants, l’épidémie a désormais un impact bien visible dans l’hôtellerie et les loisirs. Annulations de séjours, réservations en baisse, personnel absent : certains établissements accusent jusqu’à 30 % de pertes. L’inquiétude dépasse nos frontières, car les touristes, eux aussi, sont désormais informés de la situation avant leur départ.
Dans les airs comme sur terre, ma fréquentation touristique est en berne. Pas de bousculade sur la zone d’atterrissage des parapentes, habituellement animée en cette période. Aujourd’hui c’est le calme plat.
"Je pense qu’on est sur 35% de baisse, rien à voir avec 2005-2006 où l’île était à l’arrêt. Ce n’est pas non plus le Covid où on avait carrément interdiction de bouger. On sent quand même qu’il y a une baisse et qu’il y a une crainte des touristes métropolitains", indique Laurent Moretti, directeur technique de Parapente Réunion.
Des touristes venus de Pau ont pu décoller ce matin, mais à part ce groupe d’amis, les touristes métropolitains se font rares. "On peut se poser la question de l’impact médiatique qu’il y a eu en métropole, notamment après l’annonce du plan blanc et du décompte qui est fait du nombre de cas. Cela amplifie le côté psychose et fait que les gens ont peur et sont prêts à perdre leurs billets d’avion et ne pas se rendre sur le territoire", explique Agnès Lavaud, chargée de mission du Syndicat professionnel des activités de loisir.
Crise climatique puis crise sanitaire, les coups durs s’enchaînent, mais avec le temps les professionnels s’adaptent. Dans l’hôtellerie les dispositifs se multiplient pour rassurer la clientèle. "On a pris les mesures nécessaires. On élague, on évite qu’il y ait de l’eau stagnante, on tond le gazon et on met à disposition de l’anti moustique", indique Gilbert Nash, directeur d’exploitation d’Akoya Hôtel.
Dans un autre établissement de l’Ouest des moustiquaires ont été installées, mais l’enjeu principal reste la communication avec les clients. "La clientèle venant de France métropolitaine est vraiment effrayée par le sujet. Ce qui nous fait peur en tant qu’hôteliers ce sont les mois à venir. Si nous ne faisons rien au niveau de la communication, nous avons peur pour notre future activité", confie Carline Tarona, gérante du Lindsey hôtel.
Une analyse partagée par Patrick Serveaux, président de l’Union des Métiers des Industries de l’Hôtellerie. L’intersaison semble épargnée pour l’instant, mais les regards sont déjà tournés vers l’après. "Nous sommes inquiets pour la période de Juillet-Août. Les réservations se font maintenant pour la période de Juillet-Août. Je pense qu’à cette période, on aura plus de problèmes de chik, par contre si on ne fait rien, on n’aura plus de client du tout".
Tous les acteurs du tourisme rencontrés s’accordent, ils souhaitent un véritable plan d’action pour éviter une catastrophe économique. Des campagnes pour rassurer les visiteurs et professionnels devraient débuter dans les prochains jours.