Pendant que des groupes d’anonymes se fédèrent et s’organisent sur toute l’île pour protester contre la vie chère, c’est la veillée d’armes chez les transporteurs. Les professionnels de la route emmenés par un Jean-Bernard Caroupaye galvanisé n’attendent plus que le feu vert de leur leader pour descendre une nouvelle fois dans la rue. L’intersyndicale a boycotté le débat sur l’énergie et se prépare à déposer un préavis de grève illimitée.
Les Réunionnais vivent une semaine animée sur le plan social. Après une réunion avortée à la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) mardi, le mouvement des transporteurs a pris une autre dimension. Durant la matinée de mercredi, de nouveaux barrages filtrants et bloquants ont été dressés sur les principaux axes routiers : route du Littoral, échangeur de Savanna à Saint-Paul, rond-point des Plaines à Saint-Benoît, pont de la Rivière Saint-Etienne à Saint-Louis, etc. Dans les secteurs Nord, Sud, Est et Ouest, des embouteillages monstres se sont formés. A certains endroits, les autorités ont du intervenir pour assurer la libre circulation des usagers. Les plaques d’immatriculation de plusieurs engins ont été relevés et des grévistes ont été verbalisés. Sur les ondes radiophoniques, le Préfet a déploré que la population soit prise en otage et demandé aux grévistes de stopper leurs actions.
En début d’après-midi, le Président de l’Intersyndicale des Professionnels de la Route (IPR) Hugues Atchy appelle les transporteurs à lever tous les barrages. Les professionnels suivent la consigne générale mais ne tardent pas à manifester leur incompréhension et leur colère. Le lendemain, se sentant trahis, les transporteurs se réunissent et condamnent la décision prise par l’Intersyndicale. D’une même voix, ils appellent leurs représentants à reconduire le mouvement de grève. Des professionnels se rendent aux portes de la SRPP. Afin d’éviter tout débordement, un important dispositif de police et de gendarmerie est déployé tout autour de la Société Réunionnaise des Producteurs Pétroliers.
Vendredi : le Préfet organise la première réunion de travail, dans le cadre du Grand Débat sur les carburants à la Réunion. La baisse des prix à la pompe n’étant pas à l’ordre du jour, le Président de l’IPR et le Président de l’ARCP Jean-Hugues Ratenon quittent précipitamment la table des discussions. De son côté, Jean-Bernard Caroupaye annonce « le calme avant la tempête ». Le Président de l’antenne locale de la Fédération Nationale des transporteurs Routiers (FNTR) affirme que la base veut reprendre le mouvement et exige l’ouverture de nouvelles négociations sur la baisse des prix des carburants.
Dans la soirée, des centaines d’anonymes se mobilisent aux quatre coins de l’île pour protester contre les prix à la pompe et contre la cherté de la vie en générale. Jean-Bernard Caroupaye part à la rencontre de ces citoyens en vue de s’assurer de leur soutien. L’intersyndicale devrait adresser aujourd’hui un courrier au Préfet pour demander de nouvelles négociations sur la baisse des prix à la pompe. Les professionnels se préparent aussi à une nouvelle grève illimitée.